Présentation au Temple

1. Les bergers, ces veilleurs de la nuit, avaient entendu du ciel l’ordre de se rendre à Bethléhem. Ils n’y trouvèrent qu’un enfant juste né. Les mages de l’étoile cherchaient le Roi des Rois ; ils ne virent, eux aussi, qu’un enfant. Voici qu’à son tour, Syméon qui attendait de voir le Christ, le Messie de Seigneur, ne voit venir à lui que ce même enfant qui ne parle pas encore. Pourtant tous repartirent avec l’assurance d’avoir vu autrement, autre chose que ce que leurs yeux leur avaient donné à voir. Il sera le nouveau berger d’un troupeau sans pasteur. Il sera le Roi d’un Royaume sans pouvoir. Il sera la Lumière pour ceux qui ne voient plus où ils vont, qui ils sont.

2. Tous attendaient autre chose. Ce sont les disciples qui le virent en Jésus. Ils ne virent pas descendre du ciel des bergers, avec puissance à l’image de celles des rois, mais marcher sur la terre des hommes, au milieu des hommes, pour apprendre aux hommes à marcher devant Dieu. Ils le virent prendre sur lui la peine des hommes pour leur apprendre la compassion. Se charger de la haine des hommes pour leur apprendre la miséricorde et le pardon. Il sera ce levain caché pour faire lever la pâte, sans quoi elle ne deviendrait pas nourriture. Il sera puissance de vie cachée dans la graine enfouie sans quoi elle resterait morte. Pour nous faire prendre le même chemin. Ce faisant, il faisait toute chose nouvelle, à l’opposé de ce qu’on attendait de lui.

3. Nous sommes nous aussi dans l’attente, de multiples attentes. Attente de travail pour qui est au chômage, attente d’une meilleure entente dans nos lieux de travail, dans nos relations, dans nos familles, attente de guérison d’un cancer pour qui l’espère de toutes ses forces restantes. Sans oublier celles des victimes de la violence des uns et de l’indifférence des autres. Nos salles d’attente sont débordantes et peu de portes s’ouvrent pour en sortir. On peut s’en affliger en constatant que l’on n’y peut rien.

4. C’est oublier de se poser la question : « Qu’attend-on de nous ? Qu’attend-on de moi ? » Dans le dernier numéro de la revue « La Vie », un dossier est intitulé « Face au cancer mais ensemble ». Un aumônier dans un centre de recherche s’y exprime ainsi : « Je vais frapper aux portes pour passer un moment de fraternité et de convivialité, car le temps est long quand on est hospitalisé. Rencontrer quelqu’un, c’est faire amitié et tant qu’on rencontre l’autre, la vie a du sens. Ma mission est d’écouter ces personnes dans l’épreuve, pour retrouver la paix malmenée par la maladie, en les faisant parler d’eux, de leurs proches, de leurs animaux. » Sans le dire explicitement, il faisait ce que Jésus faisait. L’une des patientes d’un centre de recherches contre le cancer voit même dans sa maladie un plus sur le chemin de la guérison. Elle confie : « Avoir la possibilité de rencontrer et d’échanger avec quelqu’un qui a traversé un parcours similaire donne de l’espoir, on ne se sent pas seul. » Nous le savons, la souffrance due à des attentes sans réponses enfonce dans la solitude qui est comme une première mort. Lors de nos épreuves, disons-nous que nous entrons dans l’immense cortège des souffrants qui le suit. Derrière lui, avec lui, avec tous les autres souffrants, non, nous ne sommes pas seuls. Jésus a porté la croix des hommes pour que le suivions en portant un peu de celle de ceux et de celles des autres. Simon de Cyrène nous en a montré l’exemple.