6e dimanche du temps ordinaire

1. Qu’ont pensé, ces petites gens de la plaine, ces besogneux pêcheurs du lac, en entendant Jésus leur dire que les pauvres, ceux qui ont faim, ceux qui pleurent, ceux qui sont persécutés doivent se dire heureux. Il savait bien, pour l’avoir vécu, qu’il fallait du pain chaque jour pour ne pas être dans la mendicité, qu’il fallait se faire une place dans ce monde comme le faisait tout le monde. Qu’a donc voulu nous signifier Jésus ?

2. Jésus, qui n’était ni pauvre, ni riche. Il a rencontré des pauvres qui mendiaient à la porte des riches sans obtenir les miettes qui tombaient de leur table parce que, comme l’écrit saint Bernard : « Celui qui se porte bien ne sent pas le mal d’un autre, non plus que l’homme rassasié ne ressente pas les tourments du famélique. » Jésus a rencontré des malades et handicapés que l’on tenait à l’écart parce qu’on les disait punis par Dieu. Mais il n’a jamais dit aux malades d’attendre du ciel leur guérison : il les a guéris ! Il n’a jamais dit qu’il fallait accepter de subir les pouvoirs politiques ou religieux : il en a dénoncé à haute voix les excès. Il fit voir dans l’appétit de l’enrichissement le danger d’y voir le but de la vie qui fait qu’on ne regarde plus ailleurs. Il n’a dit pas qu’il fallait attendre un après la vie, un au-delà du présent pour enfin ne plus souffrir comme on pourrait le déduire des paroles entendues. Non, Jésus a parlé pour le présent, pour vivre un bonheur inconnu de celui que le monde prétend apporter.

3. Heureux êtes-vous, dit-il, si vous savez reconnaître que la vraie pauvreté n’est pas celle de l’argent mais celle d’un manque de cœur.
Heureux êtes-vous si vous avez trouvé qu’il y a plus de bonheur à donner qu’à recevoir
Heureux êtes-vous si la tendresse habite votre maison : on s’y pressera de toutes parts.
Heureux êtes-vous si vous savez pleurer avec ceux qui pleurent, compatir avec ceux qui sont dans la peine. Vos larmes deviendront leur consolation et sécheront les vôtres.
Heureux êtes-vous si la miséricorde coule de votre cœur : elle se répandra comme huile de guérison.
Heureux si vous êtes des hommes, des femmes de paix, si vous savez vous défaire des armes de la jalousie qui change le regard, de l’ambition qui écrase, de la rancune qui brûle le cœur. Parce que seul le temps de la paix est du beau temps.
Heureux êtes-vous si vous avez trouvé que le désir de vengeance, la rancune rongent sans fin alors que le pardon conduit à la paix en soi.
Heureux êtes-vous, si agissant ainsi, leurs croix et la vôtre deviendront moins pesantes parce que vous les porterez ensemble.
Heureux êtes-vous si on vous traite de doux-rêveur, de simple d’esprit parce que vous le faites à cause de moi, parce qu’en agissant ainsi vous êtes avec moi et moi avec vous.

4. Dimanche dernier, celui de la Santé, nous invitait et nous invite toujours à en prendre un chemin. Nous connaissons tous des malades et peut-être en sommes-nous. Nous le savons combien la maladie isole, décourage. Nous ne nous rendons jamais autant compte du trésor qu’est la santé que lorsque nous en perdons. Et peut-être regrettons-nous de ne pas l’avoir assez appréciée. Mais tant que nous le pouvons, nous devons faire notre possible pour en atténuer les conséquences auprès de ceux qui la perdent. Il y a la prière, bien sûr. Mais le Seigneur nous demande avec la plus grande insistance de les visiter. Dans une parabole il dira « Ce que vous avez fait à l’un de ces petits, c’est à moi que vous l’avez fait ». Rendre visite à un malade, à une personne seule, c’est rendre visite à Dieu, ont écrit Vincent de Paul, Camille de Lellis.

Seigneur, sois notre guide sur cette terre pour nous apprendre à ne pas laisser nos mains se fermer par peur de nous appauvrir. A ne pas laisser nos yeux se détourner de la peine d’autrui par peur de devoir s’engager. A ne pas laisser notre cœur mourir de ne pas assez aimer. Pour pouvoir te remercier d’être du bon côté, le tien.

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Aloyse SCHAFF

Capitaine de Port Saint Nicolas.
Prêtre du diocèse de Metz. Fut professeur de sciences physiques et directeur du lycée Saint-Augustin à Bitche (57).
Activités pastorales dans les communautés de paroisses du Bitcherland.
Animation d’ateliers d’information et de réflexion sur les textes bibliques et l’histoire chrétienne : Pères de l’Eglise, fondateurs des grands ordres religieux, les grands papes, les grands saints du Moyen-Âge, du XVIe siècle. Des présentations à découvrir sur le site.

Publié: 16/02/2025