4e dimanche de carême
1. La parabole est une réponse adressée aux pharisiens et scribes qui récriminaient contre Jésus : « Cet homme fait bon accueil aux pécheurs et mange avec eux. » Le cadet parti au loin représente non seulement ceux qui ne pratiquaient plus, mais aussi ceux qui enfreignaient outrageusement les prescriptions de la loi mosaïque. Il leur est reproché de commercer avec les païens, voire de leur marier leurs filles. Tous pécheurs devant l’Eternel ! A l’opposé, ce fils aîné qui garde le domaine, le cultive avec soin, représente les fidèles gardiens de la terre, de la Loi. Sa colère éclate lorsque qu’il entend dire que le père a accueilli à bras ouverts et fait grande fête à ce fils revenu non par repentir mais parce qu’il avait faim. Il réclame justice !
2. Le personnage principal, c’est le Père, au centre de cette famille divisée. Il laisse partir son jeune fils avec un serrement au cœur, vit dans l’attente de son retour. Et lorsqu’il le voit, au loin encore, c’est lui qui court à sa rencontre. Les mots utilisés alors abondent, s’embrouillent : saisi de pitié, il se jette à son cou, le couvre de baisers, l’arrête dans sa demande de pardon ! Peut-on en dire plus pour décrire la joie qui inonde, déborde de ce cœur en fête. Tel est le Père des Cieux, nous dit Jésus. Parce que c’est de lui que Jésus parlait. Mais de lui aussi, Jésus, digne Fils de son Père, qui allait chercher ces « pécheurs devant l’Eternel », allait s’asseoir à leur table, sans aucune attention aux contraintes mosaïques.
3. Le contraste entre ce Père accueillant et l’Eternel intransigeant est saisissant. Un Père qui aime ! Un Père qui attend. Un Père qui espère ! Un Père qui pardonne sans contrepartie ! Un Père qui se réjouit ! Un Père que l’amour aveugle ! N’a-t-on jamais entendu parler comme cela de Dieu ? On comprend alors que le péché de ce fils, c’est de n’avoir pas reconnu l’amour de son père pour lui. De l’avoir mis à distance, pensant trouver son bonheur ailleurs. S’il l’avait reconnu, il ne l’aurait jamais quitté ! En cela il a péché contre l’amour, le seul péché qui mérite ce nom. Il pèche aussi, ce fils aîné, en refusant de se réjouir avec son Père qui va jusqu’à le supplier de partager sa joie. « Toi, mon enfant, tu es toujours avec moi, et tout ce qui est à moi est à toi. » Tu es avec moi ! Ne t’en rends-tu donc pas compte ? Regarde ce que tu vis et ne condamne pas ce que tu ne veux pas voir. Il te faut apprendre que ton Père n’est pas celui que tu crois avoir.
4. L’histoire de la chrétienté a montré autre chose. Des papes, des évêques, des princes chrétiens cherchèrent à convertir par la force les juifs, leur nuisirent, expulsèrent ceux qui ne se soumettaient pas. Au temps de l’Inquisition, on brûla ceux qui s’écartaient de la doctrine officielle. Au temps de la Réforme protestante, les chrétiens se divisèrent, se combattirent jusqu’à s’entretuer. Lors de la dernière guerre, un gouvernement français qui se disait chrétien les livra aux camps de déportation, d’extermination. Bien peu s’y opposèrent mais il y en eut tout de même. Le rappel de cette histoire doit nous mettre plus à genoux que fièrement debout. Pour autant ne leur jetons pas la pierre, nous aurions été consentants.
5. « Un homme avait deux fils. » Nous pouvons certainement nous reconnaître dans et l’autre selon les circonstances. En ce fils cadet qui n’a pas su reconnaître l’amour que son père lui portait et qui ne pense à venir le prier que lorsqu’il ne sait plus se suffire à lui-même. En ce fils aîné aussi lorsque nous pensons que des pans entiers de l’humanité sont à condamner. Sida, LGBT et assimilés, drogués, en sont. En ce fils cadet qui dépense sans scrupules, sans règles, les biens de la terre. En ce fils aîné qui réclame reconnaissance alors qu’il en manque. En ce fils cadet qui ne sait pas dire merci. En ce fils aîné qui juge sans miséricorde. Oui, le Père des Cieux a en nous deux fils !
Une histoire juive, que Jésus connaissait peut-être, raconte celle de ce fils de roi séparé de son père par une longue distance : cent jours de marche, c’est à l’autre bout du monde. Il veut revenir vers son père mais il se dit : « Je ne peux pas, je n’en ai pas la force. » Le père l’apprend et lui adresse alors un message : « Fais comme tu peux. Marche selon ta force et moi je viendrai, et je ferai le reste du chemin pour arriver jusqu’à toi. »
Méditation
Il avait faim du pain de la terre,
Ce fils parti loin de son père,
Revenu miséricorde implorer
Et qu’il ne vit jamais tant déborder
Seigneur,
Je me sens, moi aussi, trop loin de toi,
Si loin de te voir comme un père,
Comme un enfant sait si bien le faire
Avec, dans les yeux, tant de lumière.
Je ne sais t’adresser une prière
Qu’au mauvais temps de mes affaires,
Dans l’attente d’un immédiat secours,
Faute de trouver un autre recours.
Donne moi faim d’un autre quotidien
Que celui dont je nourris mes jours.
Aide-moi à trouver les chemins
Qui n’ont pas besoin de retours.

Capitaine de Port Saint Nicolas.
Prêtre du diocèse de Metz. Fut professeur de sciences physiques et directeur du lycée Saint-Augustin à Bitche (57).
Activités pastorales dans les communautés de paroisses du Bitcherland.
Animation d’ateliers d’information et de réflexion sur les textes bibliques et l’histoire chrétienne : Pères de l’Eglise, fondateurs des grands ordres religieux, les grands papes, les grands saints du Moyen-Âge, du XVIe siècle. Des présentations à découvrir sur le site.
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