3e dimanche de l’Avent

1. « Pousse des cris de joie, Sion. Réjouis-toi, de tout ton cœur, bondis de joie, fille de Jérusalem. Tu n’as pas à craindre » clamait le prophète Sophonie. « Soyez toujours dans la joie du Seigneur » écrivait Paul aux chrétiens de Philippes en Macédoine. Ces appels à la joie s’adressaient pourtant à des gens qui n’avaient guère raison d’être dans la joie. Le royaume voisin de Samarie venait d’être conquis par le Babylonien Nabuchodonosor qui était aux portes du royaume de Juda. Le prophète Sophonie est assuré qu’il sera protégé par le Seigneur qui est son roi et veut rassurer tous ses habitants. Quant à Paul, c’est de sa prison où il avait été jeté après avoir été roué de coups, qu’il s’adresse à la sa nouvelle et modeste communauté chrétienne Il ne sait pas quelle sera l’issue de son jugement mais il est assuré que la cause de l’Evangile en sortira renforcée.

2. Apparemment, Jean le Baptiste a un autre langage. Il avait annoncé la venue du Seigneur pour un jugement. Et déjà la pelle à vanner était prête pour séparer le bon grain de la paille qui sera jetée au feu. Il fallait se convertir de toute urgence et le baptême en serait le signe mais celui qui l’avait reçu devait vivre sa conversion en actes. « Partage avec celui qui n’a pas de vêtement, donne à manger à celui qui n’a pas de quoi. » Même les collecteurs d’impôts romains, tentés de s’enrichir sur le dos de leurs concitoyens, y sont invités : « N’exigez rien de plus que ce qui vous est fixé. » Et aux gardes qui ne manquaient de recourir à la force pour contrôler les comportements des pèlerins : « Ne faites de violence à personne, n’accusez personne à tort ! » Ce n’est donc pas dans l’attente tremblante d’un jugement qu’il renvoie les gens qui le questionnent, mais à un engagement sur le terrain de leur ordinaire. Il anticipe, en précurseur, l’enseignement de Jésus.

3. « Réjouissez-vous dans le Seigneur en tout temps ; je le répète, réjouissez-vous. » Ph 4,4-5 Paul nous le redit aujourd’hui, dans le temps qui est le nôtre. Pourtant il ne porte pas à se réjouir. Les événements de notre monde, les guerres, les crises, les peurs, les persécutions, la faim sont autant de motifs d’affliction, d’abattement. A la question « Que devons-nous faire », on est bien prêt de répondre « On ne peut rien ! ». On oublie que notre monde, c’est celui qui nous est proche, celui des personnes que nous croisons, celui des événements que nous vivons. Paul nous donne la même réponse que Jean, la même réponse que Jésus : « Que votre bonté soit reconnue par tous les hommes. »

4. Nous sommes très sollicités par de multiples associations à des fins très diverses. La pauvreté dans notre pays, la faim dans le monde, le combat contre la torture et bien d’autres causes ; l’accueil des rejetés et bien d’autres situations demandent du soutien dans l’urgence. Nous savons que ce que nous donnons peut être détourné et n’arrive à sa destination. Mais, si nous ne donnons rien, même les 10% qui arriveraient à destination n’arriveront pas. Le journal La Croix vient de publier le « Troisième panorama de la générosité » sous le titre « Les Français de plus en plus généreux » avec une augmentation de plus de 6% en 2022. On y lit que la somme moyenne versée est passée de 193 à 326 €, que le don moyen déclaré aux Impôts est de 605 €, que les plus petits revenus donnent plus que les plus riches, que les associations les plus aidées sont celles qui viennent en aide aux personnes en difficulté. Entre 2011 et 2022 l’Eglise catholique, pour son fonctionnement, a enregistré une hausse de 25% avec les dons qui sont passés de 181 à 370 €. Dans le Nord, un donateur anonyme a déposé deux lingots d’or dans l’église de sa commune afin d’achever les travaux. Ils n’étaient pas tous chrétiens ceux qui ont apporté les sommes nécessaires à la restauration de Notre-Dame de Paris. Il n’était pourtant personne, l’enfant né à Bethléem. Oui, réjouissons-nous !