13e dimanche ordinaire

1. Les écrits apostoliques que sont les évangiles, les Actes des Apôtres, les Lettres de Paul, Jacques, Jean ont été écrits pour nous donner à voir et pour nous donner à faire. Une histoire pour un enseignement et pour une conduite de la vie. Nous devons à l’évangéliste Luc, un converti, ce récit du mauvais accueil dans un village de Samarie. Il n’était pas présent au moment des faits mais nous l’a transmis en pensant aussi à ce qu’il avait lui-même vécu lorsqu’il accompagnait Paul dans ses nombreux voyages missionnaires. Il s’est souvenu qu’il ne s’est pas trouvé une ville de laquelle ils ne furent pas chassés parce qu’ils troublaient l’ordre public, dérangeaient les cultes en place. Chassés d’une ville, ils allèrent vers une autre. Dans chacune d’elle, ils surent intéresser des auditeurs et constituèrent de petites communautés chrétiennes. On pense que la promesse d’une vie éternelle répondit à une attente ignorée des religions païennes. Mais les exigences évangéliques, telles que Paul les énumère dans la Lettre aux Galates que nous avons entendue, en découragèrent plus d’un qui s’en allèrent. Paul s’en est plaint. Luc s’est souvenu de ce que les apôtres et plus particulièrement Matthieu lui rapportèrent.
2. L’évangéliste nous donne à voir ce à quoi les apôtres assistèrent. « Comme le temps où il allait être enlevé de ce monde, Jésus, déterminé, prit la route de Jérusalem. » Avec courage, déterminé. La version originale, grecque, dit qu’il “rendit son visage dur”. Un destin tragique est annoncé en même temps que la ferme décision de Jésus de l’affronter. Jusqu’à ce jour, il avait parcouru les chemins du nord du lac de Galilée, pour dire que l’on pouvait parler à Dieu comme à un Père, que l’amour des uns pour les autres prévalait sur toutes les offrandes, les sacrifices pratiqués au temple, que l’homme n’était pas fait pour le sabbat mais le sabbat pour l’homme, et tant d’autres choses qui lui valurent une opposition farouche des chefs religieux du temple, l’accusant de vouloir instituer une nouvelle religion. Jésus savait que ses chefs ne le laisseraient pas faire. Ils avaient déjà « donné des ordres : quiconque saurait où il était, devait le dénoncer afin qu’on se saisisse de lui ». Mais Jésus ne pouvait pas faire autrement que d’aller jusqu’au bout de sa mission.
3. Une mission qui a des exigences. A l’enthousiasme du « Je te suivrai partout où tu iras » Jésus répond que ce ne sera pas de tout repos. « Toi, va annoncer le Règne de Dieu » dit-il à cet autre interlocuteur qui bien justement prévoyait d’aller encore rendre les derniers honneurs à son père décédé. Réponse abrupte, incompréhensible sauf si l’on y voit comme un appel d’urgence à dire le Règne de Dieu comme une nécessité vitale, urgente, à mettre au premier rang. « Messire Dieu, premier servi » disait Jeanne d’Arc. « Ne pas regarder en arrière » est-il conseillé à ce troisième homme, c’est-à-dire ne pas regretter d’être parti avec lui. Parce que pour que le labour avance, pour que le sillon soit bien droit, il faut regarder devant avec confiance, sans regret nostalgique du passé. Bien sûr, Jésus n’entend pas nous couper des nôtres, lui qui a montré tant de solidarité, tant d’humanité, lui qui ne cessait d’accueillir les malades, disputait ceux qui empêchaient les enfants de l’approcher, prenait ses repas avec les collecteurs d’impôts et autres pécheurs.
4. Ce que Jésus veut nous dire n’est rien d’autre que ce qu’il a montré à ses disciples ce jour-là en prenant la route de Jérusalem : la fidélité à la mission qu’il s’est donnée, que nous devons faire nôtre si nous voulons le suivre. Le suivre ne doit pas se faire avec des si et des peut-être, avec des oui-mais. Et là, il s’agit du concret de notre vie. Il nous faut choisir souvent entre ce qui nous va bien et ce que le disciple que nous voulons être nous rappelle. Par ailleurs, nous sommes tellement sollicités pour faire « comme tout le monde », que nous nous posons plus guère de question. Ce qui se fait, c’est ce qui doit se faire. Saint Augustin disait : « A force de tout voir on finit par tout tolérer... A force de tout tolérer on finit par tout accepter... A force de tout accepter on finit par tout approuver ! » Dans la cour du grand prêtre, Pierre a fait comme s’il ne connaissait pas Jésus, comme tous ceux qui l’entouraient. Mais lorsqu’il croisa le regard de Jésus sortant du prétoire, il en fut retourné. Faisons de même.
5. Le romancier russe Tchékhov raconte, dans un récit intitulé La salle n° 6, qu’un médecin psychiatre, conscient d’avoir échoué dans le traitement des malades avec les médecines en cours, laissa tout tomber. Jusqu’au jour où, invectivé par un aliéné, il entra de manière suivie en dialogue avec lui et finit par ne faire plus que cela. Ce qui eut pour effet de provoquer la réprobation de ses collègues qui s’en tenaient aux pratiques habituelles. Ils finirent par l’enfermer avec ces mêmes malades, le jugeant anormal. Laissons-nous enfermer dans le dialogue avec le Christ-Jésus.

Seigneur, sois à nos côtés, mets en nous ton Esprit, lorsque nous cherchons notre chemin, lorsque nous avons des choix de vie à faire. Aide-nous à rester fidèles malgré les oppositions, les incompréhensions que nous pouvons rencontrer. Dans ces moments-là, donne-nous de lever les yeux vers toi, de te regarder, toi qui es toujours devant.


Méditation de Mère Teresa

« Les gens sont souvent déraisonnables, illogiques et centrés sur eux-mêmes, Pardonne-les quand même...
Si tu es gentil, les gens peuvent t’accuser d’être égoïste et d’avoir des arrière-pensées, sois gentil quand même...
Si tu réussis, tu trouveras des faux amis et des vrais ennemis, réussis quand même...
Si tu es honnête et franc, il se peut que les gens abusent de toi, sois honnête et franc quand même...
Ce que tu as mis des années à construire, quelqu’un pourrait le détruire en une nuit, construis quand même...
Si tu trouves la sérénité et la joie, ils pourraient être jaloux, Sois heureux quand même...
Le bien que tu fais aujourd’hui, les gens l’auront souvent oublié demain, fais le bien quand même...
Donne au monde le meilleur que tu as, et il se pourrait que cela ne soit jamais assez, donne au monde le meilleur que tu as quand même...
Tu vois, en faisant une analyse finale, c’est une histoire entre toi et Dieu, cela n’a jamais été entre eux et toi. »

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Aloyse SCHAFF

Capitaine de Port Saint Nicolas.
Prêtre du diocèse de Metz. Fut professeur de sciences physiques et directeur du lycée Saint-Augustin à Bitche (57).
Activités pastorales dans les communautés de paroisses du Bitcherland.
Animation d’ateliers d’information et de réflexion sur les textes bibliques et l’histoire chrétienne : Pères de l’Eglise, fondateurs des grands ordres religieux, les grands papes, les grands saints du Moyen-Âge, du XVIe siècle. Des présentations à découvrir sur le site.

Publié: 26/06/2022