27e dim. ordinaire (6/10) : Pistes pour l’homélie

Récemment le journal nous donnait les chiffres concernant les mariages et les divorces. Si les 1ers ne font que diminuer les seconds ne font qu’augmenter.
En lisant les textes de la liturgie d’aujourd’hui, je me demandais « comment réagirais-je si j’avais connu moi-même le drame de la séparation ? » Ce qui est sûr c’est que Jésus n’expose pas ici un système juridique ni une morale répressive, non, il dit simplement son souhait de ne plus s’attarder à la logique du « permis et du défendu » mais de voir l’amour humain retrouver sa véritable dimension c.-à-d. un amour qui soit réciproque, durable et source de bonheur.

Pour cela il reprend le livre de la Genèse où nous voyons l’homme vivre pleinement ses relations. Relation d’abord avec Dieu, avec la nature et ensuite sa relation avec son épouse.
Non seulement Dieu donne la vie à l’homme mais l’installe dans un jardin magnifique où il peut trouver tout ce qu’il lui faut pour vivre. Voyant qu’il lui manque encore quelque chose, il lui donne la femme avec qui il pourra vivre une relation harmonieuse, elle sera son vis-à-vis.
La relation apparaît ici vitale. Sans elle, l’homme est seul et s’il est seul il meurt. La mort n’est-elle pas essentiellement une disparition des relations ?
Ce qui fait d’ailleurs le plus de mal dans la mort c’est la rupture des relations.

En voyant la femme, l’homme dit : « Voici la chair de ma chair et l’os de mes os. » Cela signifie que la femme est bien de la même nature que lui, de la même famille, du même sang dirions-nous aujourd’hui.
La chair est l’élément le plus fragile, ce qui passe le plus vite tandis que l’os est l’élément structurant, la partie la plus solide, la plus durable. Ainsi l’homme reconnaît en sa femme celle qui est à la fois sa force et sa fragilité.
La femme est aussi tirée du côté de l’homme, cela signifie simplement qu’elle va vivre à ses côtés, « côte à côte » dirions-nous aujourd’hui.

Mais connaissant déjà la suite du récit, nous savons que cette harmonie connaîtra des heures difficiles, lorsqu’ils se rejetteront l’un l’autre la responsabilité du mal. Aucun ne voulant reconnaître sa faute, ses erreurs, ses limites.
Cette disharmonie se concrétisera, vous le savez, par la honte qu’ils éprouvent d’être nus l’un devant l’autre. Cette nudité dévoile non seulement leurs limites respectives mais aussi met à jour leurs différences.
Ce récit fondamental de la Bible, rappelle donc aux humains de tous les temps et de toutes les cultures que la source 1ère du bonheur, ce qui fait la grandeur de l’humain, c’est la relation amoureuse où chacun cherche à construire le bonheur de l’autre tout en reconnaissant ses fautes, ses limites, sa fragilité et en admettant ses différences.
Tout ceci nous permet de mieux comprendre la réaction de Jésus qui refuse d’entrer dans un débat légaliste, car quel que soit l’arsenal législatif ou répressif mis en place, rien de tout cela ne peut garantir la réussite du couple humain. Il est, nous fait comprendre Jésus, indispensable de retrouver l’intention initiale de Dieu dans toute sa pureté.
Il est aussi important de savoir que, quelle que soit notre situation aujourd’hui, Jésus ne condamne pas mais nous montre tout simplement que le désir 1er et profond de Dieu c’est que l’humain -homme et femme- vive harmonieusement ses relations : avec Dieu, avec la nature et avec son conjoint.

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Georges LAMOTTE

Prêtre du diocèse de Namur, † 2017.

Publié: 06/09/2024