33e dimanche du temps ordinaire

1. Les paroles de Jésus, parlant de sa venue, ont de quoi inquiéter. Marc nous la décrit comme un événement cosmique effrayant. Ce récit n’est pas sans rappeler le récit du déluge dévastateur dû la méchanceté des hommes de la terre. Le livre de Daniel, écrit 250 ans avant les évangiles, annonçait déjà ce temps d’angoisse, lors de la venue du ciel du fils d’homme. Le livre de l’Apocalypse, écrit à la même époque que les évangiles, est rempli d’images terrifiantes. Tous ces récits ont été écrits lors d’événements vécus dans la peur, l’angoisse : la persécution d’Antiochus Epiphane à l’époque de Daniel, la destruction du Temple et la persécution de Néron à l’époque de la rédaction des évangiles et de l’Apocalypse.

2. Cependant, tous ces inquiétants récits sont suivis d’autres idylliques. Noé verra la colombe revenir avec un rameau d’olivier et l’arc-en-ciel au-dessus d’une nouvelle terre. Le prophète Daniel s’entendra dire : « Ne crains pas. Que la paix soit avec toi ! » Dans le livre de l’Apocalypse, qui signifie révélation et non pas cataclysme comme on le pense d’habitude, Jean dit avoir vu le Fils de l’homme sur un trône céleste et l’entendu lui dire : « Ne crains pas, je suis le Premier et le Dernier, je fus mort, et voici, je suis vivant pour les siècles des siècles. » Et autour de lui, une foule immense que personne ne peut dénombrer qui disait : « A lui, honneur, puissance, et gloire dans les siècles des siècles. »

3. Entre cet avant terrestre terrifiant et cet après céleste idyllique, il y a le temps présent, notre temps. Et notre temps est un temps d’épreuves tant à l’échelle planétaire, comme les cataclysmes cosmiques, les génocides, les guerres, les persécutions qu’au niveau plus proche dans nos vécus sociétaux, familiaux, personnels que nous connaissons tous sous une forme ou une autre. Nous nous sentons bien impuissants et peut-être découragés, certains si découragés qu’ils décident de quitter la vie. Pour parler de ce temps présent, Jésus, à son habitude, demande à ses disciples, rendus inquiets par l’annonce de la destruction du temple, d’observer la nature, un figuier en l’occurrence, un arbre des plus communs en pays méditerranéen. Comme tout chacun, ils savent que l’été est proche lorsque ses branches s’attendrissent et que ses feuilles les garnissent. Parce que la sève de l’arbre a vivifié branches et feuilles.

4. Voilà ce que Jésus veut nous dire. Ce temps d’épreuves, nous devons le regarder comme un champ à ensemencer, une vigne à cultiver, un arbre à soigner. Même si beaucoup de ces grains de blé se perdent dans les pierres, même si l’ivraie tente d’étouffer le blé en herbe, même si l’arbre ne produit pas de fruits. Jésus donne de nos efforts à faire dans un monde souffrant une image parlante : « Lorsque la femme enfante, elle est dans l’affliction puisque son heure est venue ; mais lorsqu’elle a donné le jour à l’enfant, elle ne se souvient plus de son accablement, elle est toute à la joie d’avoir mis un homme au monde. » Le temps de la souffrance, signe du temps de la réjouissance. Ce qui tombera en bonne terre produira finalement au centuple, l’ivraie sera brûlée, la vigne taillée portera des fruits en abondance. Si la fin de notre temps terrestre est une réalité inscrite dans notre devenir, si sa date est imprévisible, il y a le temps que nous vivons, l’aujourd’hui. Il n’y a pas de temps plus important que celui-là. Il est à vivre avec l’espérance plutôt qu’avec nos espoirs. Il y a un monde entre ce qu’ils signifient. L’espoir, cette attente de ce que nous désirons voir de nos yeux n’est pas du même ordre que l’espérance qui regarde vers ce qui ne se voit pas. Le Seigneur nous dit : « Pendant ce temps qui est vôtre aujourd’hui et non pas mien demain : restez en tenue de service, gardez vos lampes allumées. »

Aujourd’hui, Seigneur, tu nous as parlé de ta venue, du temps à venir. Dans cette attente, Seigneur, donne-moi de vivre l’aujourd’hui comme s’il était déjà demain.


Méditation

Que faire ?

J’ai peur de regarder le journal de 20 heures,
Tant ce qu’on y dit et voit soulève le cœur.
La terre est désolée et mon âme cabossée
Par cette violence et la souffrance semée.

Que faire pour que les hommes vivent en paix ?
Pour que femmes et enfants n’aient plus peur ?
Que faire pour que la terre blessée ne meure
Par les coups que nous lui portons sans arrêt ?

Lève-toi, me dis-tu, Seigneur, cesse de pleurer
Va dire à celui qui a besoin d’un peu de toi
Que tu viendras le voir pour être à ses cotés
Et lui montrer comment ne pas rester chez soi.

Que d’autres ont besoin aussi d’être écoutés.
Que, moins lourdes, sont les croix partagées.
Que pour cela, chacun doit prendre sur lui
Un peu de ce qui fait la souffrance d’autrui.

Seigneur, fais de ces petites pailles jetées,
Des feux qu’on ne pourra pas arrêter.

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Aloyse SCHAFF

Capitaine de Port Saint Nicolas.
Prêtre du diocèse de Metz. Fut professeur de sciences physiques et directeur du lycée Saint-Augustin à Bitche (57).
Activités pastorales dans les communautés de paroisses du Bitcherland.
Animation d’ateliers d’information et de réflexion sur les textes bibliques et l’histoire chrétienne : Pères de l’Eglise, fondateurs des grands ordres religieux, les grands papes, les grands saints du Moyen-Âge, du XVIe siècle. Des présentations à découvrir sur le site.

Publié: 14/11/2021