Au bout du chemin

« Notre ferme est tout au bout du chemin » m’avait-elle dit. Pour une interview que je souhaitais faire avec elle, je ne m’attendais pas à une telle rencontre avec Paulette, à la personnalité aussi surprenante. Le contact est chaleureux, l’échange commence comme si nous nous connaissions depuis des années. Elle est agricultrice et travaille sur la ferme avec son mari. Au fil de l’échange, elle dit l’importance de la vie de famille, son amour de la terre et sa vie de croyante.

Dans la salle de séjour, je remarque une collection étonnante d’objets-souvenirs derrière la vitrine d’un grand meuble, au centre de la pièce. « Chacun, me dit-elle, évoque une personne, un moment fort de ma vie et cela depuis mon enfance. » J’y vois une petite poupée, une image de communion, un bout de tricot, une statuette de Lourdes. « Je collectionne tous ces objets qui ont un sens pour moi et ma famille » poursuit-elle. Elle parle alors des moments heureux de la fratrie nombreuse avec ses six frères et sœurs, de son père qui l’a profondément marquée par son amour du travail bien fait et par sa foi chrétienne. Sa maman de 92 ans a toujours le souci de garder les liens de la famille que sa fille veut privilégier à son tour.

Quand Paulette parle de sa campagne, elle a le même enthousiasme lorsqu’elle exprime sa joie admirative devant le jour qui se lève sur la nature environnante. Spontanément, elle reprend les paroles du Psaume de la création pour dire sa foi dans le Dieu créateur et sa reconnaissance envers cette terre dont elle se sent responsable. Avant mon départ, elle me montre, avec fierté, les champs ainsi que le troupeau de vaches et les jeunes veaux qui attendaient avec fébrilité de pouvoir, dans quelques heures, quitter les étables pour les pâturages. Pour elle et son mari, comme pour les bêtes, c’est la joie avec la fin de l’hiver ! Une nouvelle saison commence… Mais elle ne peut accompagner son mari sur les marchés où les jeunes veaux seront vendus, « Je leur suis trop attachée ! » Elle parle sans jugement des personnes du village, portant avec les siens le souci de la fête locale. Elle évoque aussi sa responsabilité par rapport à l’église dont elle garde la clé. Elle y anime des célébrations, des funérailles en particulier. « Moi qui suis timide, j’ai beaucoup grandi par la prise de parole en public et j’ai pris de l’assurance. »

Oui, au bout du chemin j’ai rencontré une femme qui, dans la simplicité de sa vie, témoigne d’une harmonie toute spirituelle à l’égard de ce qui la passionne sur un chemin d’humanité.

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Michel AMALRIC

Prêtre du diocèse d’Albi, chargé de la communication.

Publié: 01/07/2022