Pentecôte

1. La résurrection s’était faite dans la plus grande discrétion, sans aucun témoin. Quelques disciples dont des femmes que l’on disait peu crédibles n’avaient d’abord vu qu’un tombeau vide. Après le jour de l’Ascension les disciples s’étaient retirés dans la salle haute, à l’écart des lieux publics. Voici que, neuf jours plus tard, au jour de la Pentecôte, la deuxième fête juive, devant des milliers de personnes venues de l’univers du monde juif, les disciples poussés par les forces du vent et du feu de l’Esprit-Saint proclament en toutes les langues les merveilles que Dieu avait accomplies en Jésus-Christ. C’en était fini de la peur qui les avait confinés au Cénacle.

2. La joie et l’enthousiasme sont au cœur de la fête de la Pentecôte. L’auteur du livre des Actes des Apôtres, l’apôtre Luc, se fera l’historien enthousiaste de cette Eglise débutante qu’il verra s’agrandir par l’extraordinaire passion de l’apôtre Paul dont il fut le compagnon dans ses courses sur les routes du monde romain. Rome, Antioche, Ephèse, Alexandrie, les plus grandes villes de cet empire furent touchées en premier. La Perse, l’Ethiopie suivirent rapidement. Alors que la religion romaine engageait à se prémunir et se protéger en invoquant les nombreuses divinités, la chrétienne mettait l’homme en communication directe avec Dieu par le Christ. « Je suis le Chemin, la Vérité et la Vie » avait dit Jésus. Les premiers chrétiens se dirent « les disciples de la Voie » et se reconnurent par l’emblème du poisson (ichthus) dont chaque lettre renvoie à la profession de foi : Jésus-Christ, Fils de Dieu, le Sauveur. Une religion pour tous comme le l’écrit Paul aux chrétiens de Colosses : « Il n’y a plus Grec et Juif, circoncis et incirconcis, barbare, Scythe, esclave, homme libre, mais Christ : il est tout et en tous. »

3. Il nous faut retrouver cet enthousiasme, cette joie de la foi dans notre attachement au Christ qui nous conduit à le suivre, en chacun de nos semblables. La religion chrétienne n’est pas une religion du tête à tête avec le Christ. L’apôtre Paul l’a dit de la manière la plus forte : « Quand je parlerais en langues, celle des hommes et celle des anges, s’il me manque l’amour, je suis un métal qui résonne, une cymbale retentissante. Quand j’aurais le don de prophétie, la science de tous les mystères et de toute la connaissance, quand j’aurais la foi la plus totale, celle qui transporte les montagnes, s’il me manque l’amour, je ne suis rien. Quand je distribuerais tous mes biens aux affamés, quand je livrerais mon corps aux flammes, s’il me manque l’amour, je n’y gagne rien… Faites tout avec amour. »

4. Pas si simple, pas si facile lorsque l’on se trouve poussé par ces forces contraires qui nous habitent. Notre « Je », celui qui nous fait exister, qui nous donne d’être différent de l’autre, se trouve souvent en conflit avec « l’Autre » avec qui nous devons vivre et sans lequel nous ne pourrions pas exprimer notre « Je ». Il y a le corps et il y a l’esprit. Le premier se meut d’instinct, poussé par ses pulsions. Le second, la force de l’esprit, doit savoir prendre le contrôle. L’Esprit Saint n’agira pas à notre place. Se retirer dans le silence lorsque nos mots deviennent blessants pour chercher ceux que le Seigneur dirait à ma place dépend de nous. Essayer de voir en chacun le meilleur plutôt que ce qui nous le fait mal juger dépend de nous. Trouver les mots qui réconcilient plutôt que ceux qui divisent dépend de nous. Chercher la discrétion au lieu de la vaine gloire dépend de nous. En toutes chose rendre gloire au Seigneur pour ce qu’il nous a donné afin que nous le partagions plutôt que se donner le mérite et les seuls artisans de ce que nous réussissons. Ce qui ne signifie pas qu’il ne faut pas s’en réjouir. Se réjouir de ce que l’Esprit Saint nous permet de suivre le Seigneur sur ses chemins. A cet infirme porté à l’entrée du Temple qui demandait l’aumône aux apôtres Pierre et Jean, Pierre répondit : « De l’or ou de l’argent, je n’en ai pas ; mais ce que j’ai, je te le donne : au nom de Jésus Christ, marche. Et le prenant par la main droite, il le fit lever. » La joie et l’enthousiasme de la foi, voilà ce que nous pouvons donner au nom de Jésus-Christ.

Seigneur, tu nous vois bien meurtris par les scandales qui dans le secret et le silence te défigurent. Nous nous sentons bien impuissants et souffrons en nos cœurs. Aide-nous à garder la fidélité à ton nom et l’enthousiasme des apôtres qu’aucune épreuve ne laissa sans voix.


Méditation

Seigneur
Comme une coupe vide nous te présentons
Notre cœur fatigué de ne pas savoir aimer assez,
Notre esprit embrouillé par de fausses vérités,
Notre âme que nous ne savons pas te présenter
Pour que tu y dépose les sept fleurs de l’Esprit.

Celle de la Sagesse qui nous fait entrer dans ta maison,
Celle de la Science qui reconnaît ta beauté dans la création,
Celle de l’Intelligence des Ecritures pour y lire ton œuvre de salut,
Celle du Conseil pour le discernement qui fait trouver le chemin à nos pas perdus,
Celle de la Force qui donne au pèlerin la persévérance,
Celle de la Piété qui met à genoux dans la révérence,
Celle de la Crainte de manquer de célébrer ta grandeur

Seigneur, envoie sur nous ton Esprit
Pour que ces fleurs produisent tous leurs fruits.

Une faute d'orthographe, une erreur, un problème ?   
 
Aloyse SCHAFF

Capitaine de Port Saint Nicolas.
Prêtre du diocèse de Metz. Fut professeur de sciences physiques et directeur du lycée Saint-Augustin à Bitche (57).
Activités pastorales dans les communautés de paroisses du Bitcherland.
Animation d’ateliers d’information et de réflexion sur les textes bibliques et l’histoire chrétienne : Pères de l’Eglise, fondateurs des grands ordres religieux, les grands papes, les grands saints du Moyen-Âge, du XVIe siècle. Des présentations à découvrir sur le site.

Publié: 28/05/2023