2e dimanche de l’Avent
1. « Convertissez-vous, car le Royaume des Cieux est tout proche » clamait ce prophète aux allures très hippies. Selon Matthieu il parle du Royaume des Cieux au lieu de Royaume de Dieu, car dans la tradition juive, on s’interdit de prononcer le nom de Dieu, tant il était le Tout-Autre, celui qu’on ne pouvait personnaliser comme les hommes le font entre eux. De cette venue, l’auteur du psaume 62 en disait toute son impatience : « Dès l’aube je te désire ; mon âme à soif de toi. » Celui du psaume 130 l’a reprise : « Des profondeurs, je t’appelle Seigneur… Des profundis clamavit ad te Domine. » De personnelle, cette attente devint celle de tout le peuple des croyants dans la bouche d’Isaïe : « Il adviendra ce jour-là que la racine de Jessé sera érigée en étendard des peuples. » Au temps de Jean le Baptiste, tout le monde était dans cette attente, une attente passive, d’une venue d’en haut, parce qu’on n’avait trouvé ni moyens ni les forces de se délivrer du joug romain.
2. Ce n’est pourtant pas celle-là que Jean le Baptiste annonçait. Pour lui il s’agit d’une autre délivrance que celle que l’on attendait en son temps. C’est d’une venue au cœur de l’homme, cette source de tant de batailles, de conflits qu’il parle. Et cette venue ne viendra pas après une attente passive, comme l’on attend l’arrivée du train pour aller plus loin, comme on attend que cesse la pluie pour sortir. Le Seigneur vient vers vous, lance-t-il, mais vous, rapprochez-vous de lui, allez à sa rencontre. Mais qu’est-ce à dire ? Comment s’approcher de Dieu dont nous n’avons qu’une idée abstraite. Comment faire ? Mais nous avons Jésus-Christ.
3. Avant son élection comme pape, à un journaliste qui lui demandait de donner le portrait type d’un évêque, le cardinal Robert Prevost a répondu : « Nous sommes souvent préoccupés par l’enseignement de la doctrine, la manière de vivre notre foi, mais nous oublions que notre première mission est d’enseigner ce que signifie connaître Jésus Christ et témoigner de notre proximité avec le Seigneur. C’est la première chose à faire : communiquer la beauté de la foi, la beauté et la joie de connaître Jésus. »
4. Apprendre à connaître Jésus, voilà le chemin qu’il nous faut prendre, qu’il nous faut vouloir prendre. Mais encore une fois, que faire, comment faire ? Il ne suffit pas pour cela de lire ce que les apôtres ont écrit. Il ne faut surtout pas y voir un faiseur de miracles. Il s’en est défendu. Il veut qu’on le regarde en croix. Intérieurement. Longuement. Elle est au cœur de la célébration eucharistique. Vous connaissez certainement l’icône byzantine dite de San Damiano d’Assise représentant le Christ en croix. Si vous levez les yeux vers lui, vous verrez qu’il ne vous quitte pas de ses yeux grand ouverts et vous parle. C’est devant ce Christ que saint François (1181-1226) découvrit sa vocation : « François, va, répare ma maison qui, tu le vois, tombe en ruine. » En passant devant une statue en bois du Christ flagellé, la carmélite sainte Thérèse d’Avila raconte : « Le Christ, lorsque je le vis, imprima en moi son immense beauté, elle y est toujours, elle y est encore aujourd’hui ; il a suffi d’une seule fois. » Elle continue : « Imaginez que le Seigneur est tout près de vous. Si vous vous habituez à le garder près de vous, vous ne pourrez plus, comme on dit, vous en débarrasser. Il ne vous manquera jamais, il vous aidera dans toutes vos difficultés, il sera partout avec vous. Je ne vous demande pas de penser à lui, ni de forger quantité de concepts ou de tirer de votre esprit. Je ne vous demande que de fixer sur lui votre regard. »
« Maranatha… Seigneur, viens » chantons-nous en ce temps de l’Avent. Oui, Seigneur, viens mais donne-moi un désir lancinant d’aller vers toi.
Méditation
Au soir de la journée que j’ai remplie
De paroles, de gestes, et de bruits,
Fais, Seigneur, que je ne m’endorme pas
Sans avoir un seul regard vers toi.
Lorsqu’à nouveau, au matin, je m’éveillerai
Et repartirai avec mes joies et mes chagrins
Aide-moi à ne pas te perdre de vue :
Alors je saurai mettre mes pas dans les tiens.
Tu ne me demandes pas de prières
Qui ne seraient que des pour soi.
Mais seulement de m’être souvenu de toi
Chaque fois qu’il fallait vivre en frères.

Capitaine de Port Saint Nicolas.
Prêtre du diocèse de Metz. Fut professeur de sciences physiques et directeur du lycée Saint-Augustin à Bitche (57).
Activités pastorales dans les communautés de paroisses du Bitcherland.
Animation d’ateliers d’information et de réflexion sur les textes bibliques et l’histoire chrétienne : Pères de l’Eglise, fondateurs des grands ordres religieux, les grands papes, les grands saints du Moyen-Âge, du XVIe siècle. Des présentations à découvrir sur le site.

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