3e dimanche ordinaire

1. Deuxième récit de l’appel des premiers disciples. Celui de Marc de ce jour est bien différent de celui de Jean entendu dimanche dernier. Selon Marc, Jésus s’est adressé à Simon et André, deux frères en train de jeter leurs filets dans la mer de Galilée, puis à Jean et son frère en train de réparer leurs filets. Pour l’évangéliste Jean, ce fut Jean Baptiste qui invita André et un anonyme, deux de ses disciples, à changer de demeure, à aller s’asseoir près de Jésus. Près de la mer pour l’un, près du Jourdain pour l’autre. Pour les premiers il s’agira d’un changement d’école et de maître, pour les seconds d’un changement de métier.

2. André, Simon, Jacques et Jean savaient leur métier. Les pêches abondantes ou infructueuses, tous les états de la mer qui pouvait en très peu de temps passer du calme plat à la tempête. Ils connaissaient l’usage des filets et leurs nécessaires réparations. Ils savaient les aléas des pêches et les risques du métier. Loin de là Jésus, à Nazareth, ne connaissait que les gens de la terre, les artisans, les charpentiers entre autres, les gardiens de troupeaux. Pourtant c’est au nord du lac de Galilée qu’il se rend, à Capharnaüm, dans ce pays qu’on appelait depuis longtemps de manière un peu infamante, la Galilée des nations, carrefour des routes commerciales dans lequel les Juifs côtoyaient les païens, sans respecter toutes les règles de pureté qu’on exigeait dans la ville sainte de Jérusalem. On devine l’intention de Jésus : aller là où il pourrait faire entendre son message d’accueil, de tolérance, de miséricorde.

3. Ces gens de la mer ont dû s’interroger tout de même lorsqu’il leur fut proposé de devenir « pêcheurs d’hommes » . De quelle pêche Jésus parlait-il ? De quels hommes pouvait-il s’agir ? Ils l’apprendront tout au long du temps qu’ils passèrent sur les routes avec lui. Eux ils savaient trier les poissons pêchés, garder les plus gros, les plus recherchés. Les autres, avec les petits, les insignifiants, on les rejetait à la mer. Lui, ils le verront s’arrêter auprès des plus petits, des plus insignifiants, des moins recherchés. Comme cet aveugle assis au bord du chemin et que l’on voulait faire taire, comme ces enfants que l’on voulait tenir à distance, comme ces gens de toutes conditions que le maître envoya chercher dans les carrefours parce que de mieux lotis avaient dédaigné son invitation. Tels étaient ces poissons rejetés à la mer qu’il fallait accueillir. Bien loin de leurs manière de faire. Ils assistèrent à la « conversion » de leur métier et passèrent dès l’événement de la Pentecôte de pêcheurs de la mer à celui pêcheurs d’hommes. Ils furent à l’origine de la prodigieuse expansion des communautés chrétiennes primitives.

4. Aujourd’hui, en regardant notre passé, nous nous sentons bien loin d’eux. Bien loin des Vincent de Paul, abbé Pierre, mère Teresa, sœur Emmanuelle et de bien d’autres qui font notre admiration. Nous avons toutes les raisons de nous sentir bien petits. N’oublions cependant pas que ce qu’ils firent passa par le cœur. C’en fut le seul chemin. Dire « je crois en Jésus-Christ, fils unique de Dieu » comme nous y invite notre credo ne suffit pas pour être chrétien. Jésus Christ ne nous demande pas d’abord de témoigner de sa divinité, mais de l’imiter en son humanité. Et pour cela il n’est point besoin de sortir de chez soi : notre cœur est le terrain de notre mission de conversion. Au fil des jours, au fil des événements, nous constatons combien notre cœur est animé d’une multitude de sentiments contraires qui vont de l’indifférence à la tendresse, de la générosité à ceux qui font du mal. C’est là que nous devons jeter les filets pour ramener les bons et jeter les mauvais à la mer comme Jésus y invitait ses disciples au soir de la résurrection.
 
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Occupés à leurs filets, ces ouvriers
De la mer n’ont pas vu s’approcher
Cet homme qui d’ailleurs venait
Et pour un ailleurs les appellerait.

Des poissons, ils savaient trier
Les bons des mauvais et rejeter
Ceux qui leur étaient sans intérêt
Parce que c’était ça leur métier.

Ils le suivirent et de lui apprirent
Que les plus petits de la terre
Étaient aux yeux de son Père
Ceux en qui il fallait le servir.

Seigneur,
Je sais que je ne sais pas faire
Et si peu envie de changer en moi
Ce qui paraît me coûter trop cher
Viens me donner un peu de toi.

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Aloyse SCHAFF

Capitaine de Port Saint Nicolas.
Prêtre du diocèse de Metz. Fut professeur de sciences physiques et directeur du lycée Saint-Augustin à Bitche (57).
Activités pastorales dans les communautés de paroisses du Bitcherland.
Animation d’ateliers d’information et de réflexion sur les textes bibliques et l’histoire chrétienne : Pères de l’Eglise, fondateurs des grands ordres religieux, les grands papes, les grands saints du Moyen-Âge, du XVIe siècle. Des présentations à découvrir sur le site.

Publié: 21/01/2024