Célébrer 20, 30, 40, 50, 60 ans de mariage !

Célébrer... 20, 30, 40, 50 ans de mariage,
c’est fêter une nouvelle victoire de l’amour
sur la morsure du temps et de l’habitude
qui, parfois, enlise, banalise les sentiments les plus grands.
C’est fêter un défi tranquille et puissant,
face à tous les clichés désabusés sur l’amour conjugal ;
fêter une espérance portée à bout de cœur
qui réchauffe notre terre,
car jeunes et vieux, croyants ou non, pressentent bien
que l’amour, ce dialogue des cœurs,
est le trésor le plus fragile et le plus précieux de l’homme.

Célébrer... 20, 30, 40, 50 ans de mariage,
c’est avoir su engager sa vie pour le bonheur d’un autre,
avoir su transformer la monotonie de chaque matin qui revient en une humble symphonie du geste quotidien ;
avoir su se choisir et se redire “oui”, souvent ;
avoir su cultiver ce regard toujours neuf
qui sait encore rire des travers
et s’émerveiller des qualités de chacun.

Célébrer... 20, 30, 40, 50 ans de mariage,
c’est avoir appris à cheminer côte à côte,
non plus à grandes enjambées,
mais à petits pas, attentifs à ne pas essouffler l’autre ;
avoir su trouver ensemble un nouvel accord,
une secrète complicité, un rythme commun,
où chacun peut soutenir l’autre sans l’empêcher de marcher,
où chacun peut s’appuyer sur l’autre sans l’écraser,
lui être présent et jamais envahissant ;
avoir su s’accepter différents dans la communion,
égaux dans la réciprocité du don et du dépassement,
respectueux et digne dans les concessions.

Célébrer... 20, 30, 40, 50 ans de mariage,
c’est avoir su, ensemble, apprivoiser la joie et la confiance,
les épreuves et la souffrance ;
avoir su enfanter hier et les enfanter aujourd’hui encore,
des enfants qui ne nous appartiennent plus
pour les aider, les encourager, sans prendre leur place ;
avoir su construire une maison toujours ouverte
où chacun aime revenir comme à un port paisible et sûr
pour y faire une escale de tendresse
et y soigner du cœur les blessures ;
maison des souvenirs, maison de l’amour donné et de l’amour reçu
où enfants et petits-enfants trouvent un espace de liberté
pour se raconter, rire et pleurer sans jamais se sentir jugés,
pour confier ses espoirs et ses chagrins
et se sentir toujours aimés.

Célébrer... 20, 30, 40, 50 ans de mariage,
c’est avoir su habiter le silence du bonheur
qui n’est plus un silence vide et gêné,
mais une note de musique suspendue, une respiration,
une complicité intérieure ;
avoir su creuser si profond les racines de son amour
qu’on n’a plus guère besoin du langage des mots
pour se dire, se deviner, être là présents
et pressentir que cet amour ne passera jamais.
Car il défie les frontières du temps : il est bâti pour l’éternité.

Célébrer... 20, 30, 40, 50 ans de mariage,
c’est avoir su cueillir et goûter chaque miette de bonheur
qui, avec le recul du temps, prend plus de poids et de saveur ;
avoir su entretenir ces humbles rites de l’amour :
un anniversaire souhaité, un souvenir célébré ;
avoir su se reprendre par le bras, souvent,
pour aller se promener, le soir, tout simplement, gratuitement,
comme de jeunes amoureux au cours de leurs premiers printemps ;
écouter, épaule contre épaule, le chant des oiseaux et du vent
et y pressentir, dans le soleil couchant,
la Présence de Quelqu’un qui vient,
ce Dieu qui, un beau matin, a uni deux destins ;
découvrir que nos vies, ces deux cours d’eau,
descendus de la montagne de l’enfance,
ont mystérieusement conflué dans un fleuve uni
qui coule, aujourd’hui, paisiblement, avant de se jeter, demain, dans l’océan de la plénitude de Dieu.

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Michel HUBAUT o.f.m.
Publié: 24/04/2004