3e dimanche de Carême

La scène de la rencontre de Jésus avec une Samaritaine a été représentée maintes fois par des peintres de grand renom pour son aspect bucolique. Elle cache cependant une autre catéchèse que celle de l’art.

1. Elle commence par une rencontre au bord d’un puits. A midi, lorsque le soleil est au plus haut, à l’heure la plus chaude de la journée, lorsque la soif se fait plus brûlante. Pas de n’importe quel puits, mais de celui que Jacob avait acheté puis transmis à son fils préféré Joseph, dont la tombe est toute proche. Jésus y est assis, parce que c’est ainsi qu’enseignaient les maîtres en Israël. Seul, dans l’attente d’une rencontre en tête à tête.

2. Arrive une femme avec sa jarre sur la tête pour puiser de l’eau, tâche traditionnelle dévolue de tout temps aux femmes. Elle n’a pas de nom mais elle est de Sychar en Samarie, cette terre que ne traversaient, ni ne foulaient ceux de Judée qui tenaient ses habitants pour infidèles à la loi mosaïque et avec lesquels on ne devait avoir de contact, ni rien de commun, même pas une jarre. Mais Jésus s’y est arrêté. Un message est déjà délivré. Ces Samaritains honnis ne le sont pas de Jésus qui en présentera plusieurs comme plus exemplaires que ses compatriotes.

3. « Donne-moi à boire ! » Un demande en forme de prière pour solliciter son attention. Pourtant, parler à une femme si l’on n’est pas de la famille, samaritaine de surplus, et lui demander un service dépasse toutes les limites sociétales et religieuses. Cette femme débat dans toutes ses contraintes. Mais Jésus est déjà ailleurs : « Si tu savais le Don de Dieu ! » On sent, sous ses mots emprunts de nostalgie, sa grande envie de dire ce qui lui brûle le cœur et qu’Alphonse de Liguori lira dans son dernier cri au Golgotha : « J’ai soif ! » Il écrit : « Si grande fut la soif corporelle dans ses derniers moments, bien plus grande fut sa soif d’amour », d’amour à donner, d’amour à recevoir.

4. Cette Samaritaine, qui n’avait pas trouvé celui qu’elle cherchait auprès de six maris, se voit maintenant debout devant son ultime et indépassable offrande. Une tradition juive lisait dans le nom hébreu de la cruche le nombre 24, soit la totalité des livres de la bible hébraïque. Une source d’eau vive venait sourdre pour elle de l’ancien puits de Jacob. C’est bien ce que comprendront les disciples plus tard et dont l’apôtre Jean témoigne lorsqu’il rapporte que « Le dernier jour de la fête des Tentes, qui est aussi le plus solennel, Jésus, debout, se mit à proclamer : « Si quelqu’un a soif, qu’il vienne à moi et que boive celui qui croit en moi …de son sein couleront des fleuves d’eau vive. » Cette femme, nouvelle missionnaire, laissant là sa cruche vide, revint à Sychar pour donner soif à ses habitants de Celui qui avait comblé celle de son cœur.

Seigneur Jésus, je veux m’asseoir près de toi, avec mes préoccupations, mes soucis, mes encombrements qui ne laissent pas de temps pour lever les yeux plus haut. Donne-moi soif de Toi. Aide-moi aussi à la donner autour de mes puits de rencontre. Pour qu’ils deviennent sources jaillissantes d’amour de Toi.

Méditation

Femme, tu ne savais pas qu’il t’attendait
Là-bas, assis, sur la margelle du puits.
Il avait envoyé ses disciples au marché
Pour te dire, seul à seul, sa soif enfouie.

Tu ne savais pas que, sans aucun interdit,
Il te demanderait un peu de ce que tu pouvais
Donner de ta cruche pas encore remplie
Pour y trouver plus que tu n’imaginais

Tu ne savais pas de quelle eau il parlait,
Plus vive que celle que tu allais puiser,
Plus désaltérante pour tes soifs inassouvies,
Que celles que tu cherchais sans en avoir fini.

Tu as cru que celui qui se tenait devant toi
Venait d’en haut pour te faire don de lui
Tu as reconnu en lui la source de toute joie.
Seigneur, je veux être femme de Samarie.