26e dimanche ordinaire

1. Des deux fils, l’un qui promet d’aller travailler à la vigne et qui n’y va pas, l’autre qui refuse d’abord mais se repent et y va, « lequel a fait la volonté du père ? » demande Jésus. Le choix est d’une telle évidence, que l’on se demande pourquoi Jésus a mis ses auditeurs, les grands prêtres et les anciens du peuple, devant pareille question. Ils étaient de l’aristocratie sacerdotale du Temple, appelés « sadducéens », du nom de Sadoq, grand prêtre du Temple de Salomon détruit lors de la conquête du pays par Nabuchodonosor en 586 avant J.-C. Ils se disaient les garants de l’orthodoxie de la foi juive contenue dans les cinq premiers livres, la Torah. Ils niaient la résurrection des morts parce qu’elle n’y était pas inscrite. A la suite de l’intervention assez violente de Jésus au Temple, ils furent, à l’instigation du grand prêtre Caïphe, ses accusateurs devant Pilate.

2. La suite du récit permet de situer le motif de la question. Jésus leur reproche de ne pas avoir « cru en la parole » de Jean le Baptiste alors que des publicains et des prostituées l’ont fait. Cette parole de Jean Baptiste le concernait directement, lui Jésus, qu’il désignait à ses disciples : « Voici celui qui enlève le péché du monde… suivez-le. » Or justement, Jésus fait bon accueil aux publicains et aux prostituées, les porteurs des péchés les plus intolérables aux yeux des chefs de la religion. En ajoutant aux publicains les prostituées, Jésus dépasse toutes les bornes. Il ne légalise pas la prostitution mais sous-entend qu’il s’y trouva des prostituées qui lui firent meilleur accueil que les légalistes. Hors de la loi mais ouvertes à la foi.

3. La pointe de la parabole est évidente. Elle vient confirmer le commandement répété de Jésus : « Ne jugez pas. » Il faut traduire par « Ne condamnez pas ». Nous sommes naturellement portés à juger, à comparer pour faire un choix, dire nos préférences. Mais trop de données nous échappent, comme le passé vécu, l’éducation, le milieu culturel, pour évaluer justement le comportement de celui dont nous croyons à tort qu’il est notre semblable. Jésus nous a dit les comportements à prendre, la manière de voir les choses, dans le respect de l’autre, Il a condamné l’intolérance que l’on justifie par la religion, l’aveuglement qui ne voit pas la poutre dans son œil mais le brin de paille dans l’œil d’autrui. Mais il a laissé la porte ouverte au retour de l’enfant prodigue.

4. En condamnant on prend le risque d’être condamné pour les mêmes motifs. L’apôtre Paul écrit aux chrétiens de Corinthe : « Toi qui enseignes autrui, tu ne t’enseignes pas toi-même. Tu prêches de ne pas voler et tu voles ! Tu interdis l’adultère et tu commets l’adultère ! Tu mets ton orgueil dans la loi et tu déshonores Dieu en transgressant la loi. » « Tu déshonore Dieu. » Les mots sont forts. Cela fait mal de constater que les chrétiens l’ont fait des siècles durant, que des gens d’Eglise ont agi de même. Ils disent la fragilité de l’homme. La parabole nous invite à la reconnaître en chacun de nous et à la plus grande modestie. Tertullien, un Père de l’Eglise du 3e siècle, a écrit : « On ne naît pas chrétien, on le devient. » On est sur ce que Charles Péguy appelle « le chemin du salut, le chemin charnel, le chemin raboteux du salut ».

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Aloyse SCHAFF

Capitaine de Port Saint Nicolas.
Prêtre du diocèse de Metz. Fut professeur de sciences physiques et directeur du lycée Saint-Augustin à Bitche (57).
Activités pastorales dans les communautés de paroisses du Bitcherland.
Animation d’ateliers d’information et de réflexion sur les textes bibliques et l’histoire chrétienne : Pères de l’Eglise, fondateurs des grands ordres religieux, les grands papes, les grands saints du Moyen-Âge, du XVIe siècle. Des présentations à découvrir sur le site.

Publié: 01/10/2023