Invitation inédite

Gérald a 27 ans. Il a fait son chemin en quittant les siens pour son travail. Cela réjouit ses parents de le voir ainsi. À l’occasion des fêtes de Noël, il leur annonce que son cadeau consisterait en un repas qu’il prendrait avec chacun d’eux, mais séparément. « Je ne sais pas si je vous connais bien, aussi je souhaite vous retrouver tout seuls. J’aimerais vous connaître mieux. » Répète-t-il ! Cette invitation étonne la maman et le papa, d’autant qu’en ce temps tout se passe très bien entre eux. « Non ! Tout simplement pour mieux vous connaître. » Insiste-t-il encore.

C’est au restaurant, dans un cadre très agréable, que le repas avec son père puis sa mère a eu lieu. Gérald a posé les questions pour mieux savoir ce qu’ils avaient vécu au temps de leur enfance, de leur adolescence et des années avant leur mariage. Bien des événements et des rencontres ont été évoqués, dont ils n’avaient jamais parlé jusque là.

Quand le papa revient devant moi sur ce repas il y a encore de l’émotion dans sa voix tant cette initiative l’a profondément touché. Elle peut être relue comme un besoin de compréhension du présent éclairé par le passé. Bien souvent, les paroles échangées autour de la table familiale sont fonction du positionnement des uns et des autres comme parents et enfants. Au cours de chacune des deux soirées, ils ont pris de la distance par rapport à leur rôle de père, de mère, face à leur fils. N’est-ce pas important et éclairant que les enfants découvrent que leurs parents ne sont pas que cela, mais qu’ils ont été et qu’ils sont aussi riches d’amitiés partagées, d’activités intéressantes professionnelles ou autres.

De fait, actuellement, des pédagogues conseillent aux parents de proposer ce type de rencontre en tête à tête avec chacun de leurs enfants. Père et mère perçoivent différemment leur personnalité. N’est-il pas souhaitable de parler cela avec eux ?

Le repas avec le papa, tout comme celui avec la maman, ont permis à Gérald de se situer en adulte. Dès lors des liens nouveaux ont pu se vivre autres que ceux de la filiation.

Cela rejoint les propos d’Albert Jacquard qui met dans la bouche d’un enfant s’adressant à ses parents : « Pour que je sois vraiment un homme, vous me devez un dernier cadeau, la liberté de devenir celui que je choisis d’être. » Le repas offert au restaurant ne signifiait-il pas la reconnaissance de Gérald pour le cadeau reçu de ses parents ?

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Michel AMALRIC

Prêtre du diocèse d’Albi, chargé de la communication.

Publié: 01/01/2023