25e dimanche ordinaire

1. On voit d’ici un sourire amusé sur le visage des auditeurs de Jésus à la suite du récit imagé qu’il vient de faire. Ils ont dû apprécier l’habileté de ce gérant. C’est que dans ce monde sémite, très orienté vers le négoce, l’habileté en affaires est une preuve d’intelligence, une qualification de compétence reconnue par tous. Et la malhonnêteté de ce gérant fut de loin éclipsée par son savoir faire. Mais qu’a donc voulu nous dire Jésus dans cette parabole, s’il n’a pas voulu faire l’éloge de la malhonnêteté ?

2. Son message est clair : « Faites-vous des amis avec l’Argent trompeur, afin que le jour il ne sera plus là, ces amis vous accueillent dans les demeures éternelles. »
Ce gérant a su utiliser sa malhonnêteté au détriment de son maître encore, pour être accueilli lorsque celui-ci l’aura chassé. Par intérêt donc, comptant bien que ceux auxquels il aura remis de leur dû l’accueilleront par reconnaissance. De l’argent et son pouvoir, Jésus voyait bien qu’on ne cherchait qu’à les accroitre. Plusieurs siècles auparavant, Amos avait déjà dénoncé avec véhémence cette frénésie pour l’enrichissement. « Nous allons diminuer les mesures, augmenter les prix et fausser les balances. Nous pourrons acheter le faible pour peu d’argent, le malheureux pour une paire de sandales. Nous vendons jusqu’aux déchets du froment. » Récemment, il fut constaté que la diminution du prix annoncé comme une promotion d’un produit cachait une diminution de la quantité. Aujourd’hui la capitalisation va galopante, la pauvreté aussi.

3. De l’argent nous n’en avons certes pas plus qu’il nous faut. Mais nous sommes gérants d’autres biens. Comme la santé qui nous permet d’aller et venir à notre guise, de faire des projets et de les réaliser. Nous savons aussi que cela peut changer du jour au lendemain. Alors il faudra nous remettre entre les mains d’autrui pour nous faire bénéficier de ce que n’avons pas fait à autrui. Tant que nous l’avons, sachons nous arrêter auprès de celui qui a besoin de la nôtre. A l’exemple du bon Samaritain, descendons de notre monture.
Nous avons quelque pouvoir de décision, la possibilité de dire oui ou non à des demandes, des sollicitations et nous sommes tous concernés un jour ou l’autre : savons-nous nous mettre à la place de ceux qui nous sollicitent, essayant de mieux les comprendre pour être plus justes en notre réponse ?
Nous avons du temps devant nous, une certaine aisance de vie : voyons-nous ceux qui ont bien des difficultés à vivre et ont besoin de réconfort, de présence, d’un regard bienveillant, voire d’une aide !
Toutes choses que nous savons déjà mais savons aussi oublier. Toutes choses périssables que nous pouvons échanger en richesse impérissable. Alors l’eau deviendra vin, comme à Cana.

Seigneur, le bien véritable que tu m’as confié,
Les trésors que tu m’as donnés à gérer,
Ce sont tes paroles, ton exemple,
Ta patience et ta miséricorde
Et toute ta personne. Qu’en ai-je fait ?

Alors Seigneur, ouvre mes yeux
Pour qu’à chaque passant traversant ma vie
Je sois prêt à dire :
« Prends ce dont tu as besoin.
De ce que j’ai reçu je te donne. »
Pour qu’à jamais, Seigneur,
Je sois digne de ta confiance, sans borne.