Pour le bien commun

Depuis des mois, des voix s’élèvent pour faire disparaître les religions de l’espace public, la pratique religieuse relevant de la seule sphère privée. D’autres voix vont plus loin : les religions sont à la source des conflits dans le monde.

Comment réagir devant tout cela ? Que retenir ? Ces oppositions sont dues, pour une grande part, à une incompréhension du principe de laïcité qui marque la société française. Les dérapages sont nombreux et prennent place dans les médias. Pour exemple : sur une affiche présentant un concert avec le groupe Les Prêtres, la société des métros parisiens refusait la mention « Au bénéfice des chrétiens du Moyen-Orient ». Fort heureusement, sous la pression de l’opinion et des politiques de tous bords, le bandeau publicitaire sera maintenu. Autre pomme de discorde : une proposition de loi visant à imposer la neutralité religieuse aux éducateurs de mouvements scouts par exemple.

Tout cela ne peut que nous inquiéter dans la mesure où grandit le discrédit à l’égard des religions et du catholicisme en particulier. Le christianisme n’aurait-il rien apporté à la société française ? Un coup d’œil sur l’histoire : Vincent de Paul est à l’origine des hôpitaux et de la création des Filles de la charité qui furent les premières infirmières. Jean-Baptiste de la Salle a créé les Frères des écoles chrétiennes. Sans parler des trois mots gravés aux murs de mairies « liberté, égalité, fraternité » empruntés au message chrétien. Pour autant, je n’oublie pas, entre autres, les pages sombres des guerres de religion qui pourraient servir de leçons au sujet des conflits actuels.

Aujourd’hui, il serait plus souhaitable de faire état de ce que les religions apportent à la société. Que ce soit par les divers organismes ou par les rites religieux, bon nombre de chrétiens apprennent tout à la fois vie commune et citoyenneté. Autre aspect plus quantitatif, le dimanche dans nos campagnes ou dans nos villes, les églises qui ont réuni plus de monde que tous les spectateurs dans les stades en France. Ces rassemblements dominicaux font du lien social !

Dernièrement, une personne, évoquant ses quatorze déménagements, faisait remarquer que c’était par ses premiers contacts avec la paroisse, qu’elle avait pu rapidement s’insérer dans la vie locale. L’évêque d’Angoulême, Claude DAGENS, dans son livre Survie ou métamorphose ? L’avenir du christianisme en France, nous invite même à voir plus loin quand il s’élève contre un discours qui cultive la peur et le découragement. La sécularisation n’a pas que des effets négatifs. Elle oblige la religion à se renouveler, à se ré-enraciner, à retourner à la source. L’enjeu est important, non seulement pour l’avenir des institutions religieuses, mais pour les sociétés qui cherchent à dynamiser le lien social.
Nous sommes tous concernés.

Une faute d'orthographe, une erreur, un problème ?   
 
Michel AMALRIC

Prêtre du diocèse d’Albi, chargé de la communication.

Publié: 05/04/2021