12e dimanche ordinaire

1. « Ne craignez pas les hommes… », venons-nous d’entendre de la bouche de Jésus à ses disciples juste avant de les envoyer en mission. Il sait qu’ils ne seront pas accueillis à bras ouverts. Dès les débuts les disciples se virent traités d’hérétiques par leurs concitoyens juifs. Infréquentables, ils furent chassés des synagogues. Puis vint le temps des persécutions qui les firent se cacher dans des cimetières souterrains appelés catacombes. Dans de nombreux pays, aujourd’hui, la diffusion de l’évangile est interdite et les chrétiens sont persécutés à cause de leur foi. Sans aller aussi loin, il est vrai que, dans nos propres pays, on craint de se dire chrétien, par peur d’être traité de rétrograde. Une grandissante indifférence religieuse a envahi notre société. La pandémie mais aussi le flot des migrants ont fait naître d’autres peurs, la peur de l’autre, la peur de perdre son « identité » comme on le dit, comme on l’écrit. Peu chrétiennes, ces peurs-là ! Les disciples avaient fermé les portes du Cénacle par peur d’être arrêtés et condamnés. Ne sommes-nous pas en train de le faire ?

2. Alors plus que jamais, en ces temps de crise, il nous faut entendre l’encouragement de Jésus : « Ne craignez pas ceux qui tuent le corps sans pouvoir tuer l’âme. » Parce que l’âme est plus que le corps, l’attachement au Christ plus que notre peur paralysante de n’être pas comme tout le monde, de ne pas penser comme tout le monde. Plus que jamais nous devons prendre à la lettre ce que Jésus disait à ses disciples : « Ce que vous entendez au creux de l’oreille, proclamez-le sur les toits ! » En 155, au proconsul qui demandait à l’évêque de Smyrne, Polycarpe, de sacrifier à l’empereur, il répondit : « Si tu t’imagines que je vais jurer par la fortune de César, comme tu dis, en feignant d’ignorer qui je suis, écoute-le donc une bonne fois : je suis chrétien. Voilà quatre-vingt-six ans que je le sers et il ne m’a fait aucun mal. Comment pourrais-je insulter mon roi et mon sauveur ? Si le christianisme t’intéresse, donne-toi un jour pour m’entendre. » Le proconsul ne lui pas donné un jour de plus.

3. A l’évidence, les scandales dus au comportement de trop de ceux qui ont choisi Jésus pour guide sont de douloureux contre-témoignages et creusent des distances avec cette Eglise, voire même des rejets. Des tempêtes intérieures secouent sa barque. Ce n’est pas nouveau. L’histoire de l’Eglise du Moyen-Âge finissant, en particulier celle de ses plus hauts dignitaires à Rome ou auprès des princes régnants n’est pas glorieuse. Pourtant elle fut illuminée par François d’Assise, Bernard de Clairvaux, Ignace de Loyola, Vincent de Paul et beaucoup d’autres qui merveilleusement en redressèrent des ruines. Si l’Eglise s’est montrée souvent triomphante par le passé, aujourd’hui elle fait le chemin inverse, celui de l’humilité, comme en témoignent ses demandes de pardon pour des conduites contraires à l’esprit de l’Evangile. Si nous sommes de moins en moins nombreux, c’est un appel à être de plus en plus en plus présents. Plus que jamais nous devons répondre à l’invitation que le Christ adresse à ses disciples : « Soyez saints comme votre Père céleste est saint. » Y-a-t’il plus belle et plus haute oriflamme derrière laquelle il faut se ranger pour combattre en nous tout ce qui la déshonorerait ? Tout un programme de vie, bien conscient, comme le dit Philippe Néri, le saint de la joie, « de ne pas vouloir tout faire en un jour et on ne devient pas un saint en quatre jours, il faut avancer pas à pas ». Et d’ajouter, avec modestie et humour : « Seigneur, méfie-Toi de moi aujourd’hui. J’ai peur de Te trahir ! »

On admire tous les efforts conjugués pour relever la cathédrale de Paris de ses décombres. Seigneur, au lieu de nous affliger, repliés sur nos regrets, donne-nous un peu de la passion qui fut tienne, en paroles et en actes, pour proclamez au grand jour ce que tu nous dis au creux de l’oreille.

De l’espérance, malgré tout...
Un auteur italien du 14e siècle, le Florentin Boccace, raconte, dans un conte, les vains efforts d’un drapier chrétien parisien pour amener son ami juif à changer de religion. Ce dernier y mit finalement une condition. Aller à Rome voir si la manière de vivre du « vicaire général de Dieu sur terre » et de celle des cardinaux, étaient exemplaires. Son ami chrétien, bien conscient de ce que s’y passait, pensait avoir perdu la partie. Sa surprise fut grande lorsque son ami, de retour, lui dit qu’il allait se convertir parce qu’il avait compris que l’Esprit Saint devait être présent pour rendre l’Eglise tous les jours plus florissante, malgré la conduite de ceux qui, à Rome, la menaient à sa perte.

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Aloyse SCHAFF

Capitaine de Port Saint Nicolas.
Prêtre du diocèse de Metz. Fut professeur de sciences physiques et directeur du lycée Saint-Augustin à Bitche (57).
Activités pastorales dans les communautés de paroisses du Bitcherland.
Animation d’ateliers d’information et de réflexion sur les textes bibliques et l’histoire chrétienne : Pères de l’Eglise, fondateurs des grands ordres religieux, les grands papes, les grands saints du Moyen-Âge, du XVIe siècle. Des présentations à découvrir sur le site.

Publié: 25/06/2023