Bonjour ! Je te vois !

Patrick et sa famille viennent de s’installer dans le lotissement près du bourg. Voilà qu’un matin, le plus proche voisin, sur un ton de désapprobation, s’adresse à l’épouse du nouveau venu : « Pourquoi tous les matins, en partant à son travail, votre mari me fait un grand signe de la main, alors qu’il n’est pas mon ami ? » Tout étonnée, elle reste sans réponse. Faut-il être ami de quelqu’un pour le saluer ? N’est-ce pas une question de politesse ? Ces propos surprennent. Devrions-nous n’être polis qu’avec nos amis ?

J’ai lu récemment que, dans une région d’Afrique, on se salue en disant : « Je te vois » (« Nhosi ») à quoi l’autre répond : « Je te vois moi aussi » (« Nbejane »), une manière de dire : « Tu es dans mon regard, tu comptes pour moi ». Dans un autre dialecte, du même pays on se dit : « Baloo », « Regarde le soleil » c’est à dire « Vois le jour qui s’offre à toi ». Une chaleur humaine se dégage de telles salutations.

Sans aller aussi loin pour comprendre ce qui se passe dans l’échange des « Bonjour », on peut se souvenir d’un Petit traité des grandes vertus écrit, il y a une vingtaine d’années, par le philosophe André Comte-Sponville : il nomme en premier la politesse, avant les dix huit autres vertus telles que la fidélité, la prudence, la tempérance, le courage, la tolérance… Le chapitre sur l’amour conclut le livre.

L’auteur met l’accent sur la nécessité d’une éducation à la politesse qui paraît faire défaut aujourd’hui. Les parents doivent apprendre la politesse à leurs enfants, ils leur révèlent qu’il y a des choses qui se font et d’autres qui ne peuvent se faire. C’est important pour les jeunes de découvrir, avec les règles de la politesse, celles de la vie sociale.

Les adultes sont tout aussi concernés. Certains sont d’une impolitesse notoire avec leur portable quand ils l’utilisent sans tenir compte de leur environnement ! « Les bonnes manières précédent les bonnes actions et y mènent… La politesse est la première et la plus engageante de toutes les vertus sociales. » Elle éclaire le regard et réchauffe le cœur d’un rayon de soleil.
Elle dit à l’autre : « Je te vois » et il répond « Je te vois aussi ». Et si chacun de nous essayait de transmettre ce bref message de proximité ?

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Michel AMALRIC

Prêtre du diocèse d’Albi, chargé de la communication.

Publié: 01/07/2021