En chemin

À l’occasion de mon jubilé, j’ai eu plaisir à relire quelques pages du livre de Pierre Talec En chemin... Petit guide de la vie spirituelle. Dès la première lecture, bien que connaissant l’auteur par plusieurs de ses écrits, j’ai découvert des aspects nouveaux de sa personnalité. L’évocation des étapes de sa vie m’a renvoyé à ma propre expérience, et tout particulièrement cette page où il écrit : « L’enseignement qui a le plus marqué ma vie spirituelle à tout jamais : le mystère de l’incarnation. » Il reprend une citation du cardinal de Bérulle : « En ce mystère de l’incarnation, l’homme est Dieu et Dieu est homme, en rigueur, en vérité, et en éternité de durée car tant que Dieu sera Dieu, il sera homme. »

Une question me vient à la fin de la lecture : quand Pierre Talec écrivait cela, pouvait-il imaginer l’impact de ses propos ? N’écrivait-il que pour lui-même ? Voulait-il, comme dans le courant autobiographique commun aujourd’hui, rendre compte de son chemin spirituel et en faire témoins ses lecteurs ?

Pour ma part, je perçois bien que, tout en parlant de son propre parcours de formation, de son ministère, il me conduit à une prise de conscience personnelle. Je réalise avec étonnement que quelqu’un d’autre rejoint mes questions, mes réflexions, mes manières de comprendre la vie spirituelle. Je me sens autorisé à les reconnaître pertinentes, légitimes même. Je peux me débarrasser de ces interrogations répétitives : « Ai-je le droit de penser cela ? Suis-je toujours sur le bon chemin ? » Fini, les hésitations, quand quelqu’un vous permet de dire : « Tiens, je ne suis pas le seul à penser cela ! »

L’auteur du livre ne porte pas un jugement sur d’autres chemins de spiritualité. Il parle du sien, il le fonde sur l’expérience chrétienne, la recherche théologique, l’ouverture au message de l’Évangile. Son attitude, faite de respect, pour moi son lecteur, est une invitation au respect d’autrui. Dans ces lignes, on perçoit bien qu’il attend un accueil, un non jugement de la part de ses lecteurs. Tout comme il parle de lui, avec simplicité et une marge d’incertitude, il entraîne ceux qui le lisent vers leur propre chemin. Et cela avec mesure, sans s’imposer.

Ce type de lecture étant une sorte d’ascèse, j’ai eu besoin d’un certain temps pour l’assimiler. Il faut avancer pas à pas, lentement, pour décrypter une pensée qui s’élabore au fil des pages. Dans le face à face, ou devant l’image de l’écran télé, l’immédiateté du visage s’impose à vous. L’écrit est plus subtil, certainement plus respectueux et plus invitation à l’intériorité.

À chacun, avec cet auteur ou un autre, de relire son propre chemin. Il y a certainement beaucoup à découvrir.

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Michel AMALRIC

Prêtre du diocèse d’Albi, chargé de la communication.

Publié: 01/06/2020