Les moines et les tournesols

Près de l’abbaye, d’immenses champs de tournesols. Plaisir pour les yeux avec cette multitude de fleurs jaunes, des grosses, des petites. Malheureuses graines, tombées sur le bord du champ, sous les arbres : elles n’ont pu donner que quelques fleurs maigrichonnes. Elles ne pâlissent pas pour autant devant celles qui, majestueuses, hautaines, semblent n’avoir le soleil que pour elles.

Les tournesols restent tout le jour tournés vers le soleil levant. On aurait pu attendre qu’ils se tournent sur eux-mêmes pour être aussi fidèles au soleil couchant. Non ! Toujours tournés vers l’Orient. C’est de lui que vient la lumière. Ils sont ainsi toujours prêts pour le rendez-vous de l’aurore. Les abeilles heureuses arrivent par vagues successives du rucher voisin.

Les cloches du monastère viennent interrompre ce temps de contemplation. Les moines vont se retrouver pour un temps de prière à l’église. N’y a-t-il pas quelque similitude entre ces tournesols à l’allure fière, tournés vers la lumière et les moines qui, fidèles eux aussi au rendez-vous de l’aurore, et plusieurs fois par jour, se tournent eux aussi vers Celui qu’ils appellent Soleil de justice, Lumière du monde ?

Tournesols et moines sont faits pour s’entendre et leur voisinage donne bien le ton. Ils sont attirés vers la lumière et ils vivent bien ce rapport harmonieux dans le respect d’une germination bien silencieuse. Il faut du temps pour que les tournesols arrivent à la bonne maturité, tout comme les moines passent toute leur vie à s’éveiller à la présence de Celui qui les fait tenir debout.

Les passagers de l’hôtellerie sont comme des abeilles : ils viennent faire leurs provisions sur les tournesols, les pattes chargées de pollen. Ils sont là eux aussi pour faire des provisions, recevoir des moines ce calme, cette présence fraternelle qui disent la présence mystérieuse de Celui qu’ils ont choisi pour être leur compagnon d’existence. À l’image des tournesols qui se laissent faire même quand trois ou quatre abeilles se posent sur eux, les moines se veulent accueillants pour tous leurs visiteurs et leurs hôtes. Ils n’en paraissent pas dérangés. Ils accueillent. Saint Benoît l’a écrit dans la règle.

Ils savent que ce qu’ils peuvent donner, ils le reçoivent. Ce n’est que justice de vouloir partager. Tout comme le Petit Prince qui disait : "Le blé, qui est doré, me fera souvenir de toi", la vue des tournesols aux quatre coins du monde me fera souvenir des moines, toujours tournés vers le « Soleil de justice ».

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Michel AMALRIC

Prêtre du diocèse d’Albi, chargé de la communication.

Publié: 01/07/2019