Le légal et le moral

En France, la révision des lois sur la bioéthique fait débat actuellement. Une grande concertation est prévue sur plusieurs mois. Que va-t-il se passer dans l’avenir avec des technologies médicales qui, certes, peuvent être bénéfiques, mais comportent aussi d’immenses dangers ? On parle de l’homme “réparé”, de l’homme “transformé” et finalement, de l’homme “augmenté”.

Par curiosité je suis allé sur des sites spécialisés dans l’achat de sperme. Donneurs et acheteurs trouveront des pages et des pages sur les modalités du don et les conditions d’achat, sur les prix en cours, avec la recommandation suivante : « Avant de passer commande, sélectionner le donneur “favori” selon des critères très précis. » De son côté, la plus grande banque européenne de sperme vend aux particuliers du monde entier des échantillons qu’elle envoie à ses clientes par simple courrier. On peut vraiment parler de marchandisation !

Pas besoin de poursuivre cette exploration qui nous laisse sans voix, indignés. Lors d’un débat au journal La Croix, un professeur de gynécologie semblait jouer au prophète de malheur : « Je pense qu’à la fin du 21e siècle, on ne se reproduira absolument plus comme on se reproduit aujourd’hui. Chaque couple qui voudra un enfant mettra des embryons en étude génétique. On choisira parmi ceux-ci celui qui a les meilleures caractéristiques. Il y aura la grossesse ex utero. »

Sur ces multiples questions qui relèvent du domaine bioéthique, le professeur Mattei réagit : « Chaque pas que nous faisons ne nous paraît pas absolument déterminant et repoussant, mais vient un jour où l’on se retourne et où l’on est arrivé plus loin que ce que nous n’aurions voulu. »

Que devient l’homme spirituel ?
Cette question préoccupe non seulement les chrétiens mais aussi ceux qui veulent agir selon leur conscience. Les uns et les autres ne peuvent pas se dire que « puisque c’est permis par la loi, c’est moralement admissible ».

Non, la loi civile ne juge pas la conscience ; c’est l’inverse.
Le légal n’est pas toujours le moral.

Le conseil donné dans la Bible : « Dieu a laissé l’homme à son propre conseil » a été traduit au concile Vatican II par cette expression : « La conscience est le centre le plus secret de l’homme, le sanctuaire où il est seul avec Dieu et où sa voix se fait entendre. » Ce principe est le fondement du droit à l’objection de conscience pour tous les citoyens, croyants ou non.

Dans une société pluraliste comme la nôtre, il arrive fréquemment que la seule prétention du législateur soit d’obtenir un consensus minimum permettant la coexistence sociale. La loi civile ne peut pas toujours traduire toutes les exigences de la morale.
À chacun d’agir selon sa conscience, mais également en fonction de ses responsabilités.

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Michel AMALRIC

Prêtre du diocèse d’Albi, chargé de la communication.

Publié: 01/04/2018