Aux quatre coins du monde

Le temps des vacances est propice aux voyages. Combien de fois, lors de rencontres estivales, on les évoque autour d’une table ou avec des amis. Pendant que les parents ou grands-parents restent à la maison pour les accueillir au retour, les petits-enfants parcourent le monde. Une fois l’Europe très vite survolée, les destinations deviennent de plus en plus lointaines : l’Inde, la Thaïlande, l’Afrique du Sud, le Maroc ou le Mexique pour n’en citer que quelques-unes. Les jeunes, par internet, supplantent les agences de voyage pour trouver des billets à bon marché.

Dans son livre Petite Poucette, Michel Serres fait l’éloge des gares et aéroports : « Un pays comme la France devient vite une ville que le TGV parcourt comme un métro, que les autoroutes traversent comme des rues. » Il ajoute : « Par les aéroports et les gares passent de telles masses qu’ils ressemblent à de transitoires motels. »

Est-ce que tout cela éveille une conscience mondialiste ? Depuis qu’on a perdu l’horizon du clocher, notre vision du monde s’est-elle enrichie ? Des questions que je me pose en écoutant les récits des uns et des autres ou tout simplement en rangeant les cartes postales venues de Turquie, de l’île Maurice, d’Albanie, d’Angleterre, d’Espagne et d’Inde...

Que reste-t-il de ces déplacements ? A-t-on rencontré des personnes, découvert leur manière de vivre, les enjeux sociaux et politiques qui les préoccupent ?

Michel Serres fait remarquer que notre jeune génération "habite une tapisserie composite, pave son espace d’une marqueterie disparate, sa vue s’émerveille de ce kaléidoscope, ses oreilles tintent d’un chaos confus de voix et de sons qui annoncent d’autres renversements". Nous ne sommes qu’au tout début de changements radicaux qui vont modeler de nouvelles mentalités appelées à vivre le métissage de nouveaux rapports sociaux : ils s’imposent à ceux qui vont ailleurs mais aussi à ceux qui voient arriver dans leur quartier ceux qui viennent d’ailleurs.

La recommandation d’une religieuse brésilienne venue en France peut être salutaire pour les voyageurs dont les aéroports et les gares sont devenus des motels : « Considérer le pays où on arrive comme une terre sacrée. Aussi faut-il quitter ses chaussures pour ne pas marcher sur les rêves des autres. » Ceux qui accueillent chez eux ne sont-ils pas concernés, eux aussi ?

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Michel AMALRIC

Prêtre du diocèse d’Albi, chargé de la communication.

Publié: 01/07/2016