Dire Merci

Parfois je suis lassé d’entendre : « Il n’y a plus de valeurs, il n’y a plus de règles ! » Ces propos se répètent, s’amplifient et semblent s’imposer comme s’ils voulaient modeler une pensée unique. Je souhaite m’en démarquer. Deux événements récents m’y invitent.

Lise, sept ans, a été invitée chez des amis de classe pour un anniversaire. Quand sa maman arrive, en fin d’après-midi, pour la reprendre, elle est là, l’attendant avec impatience à la porte du jardin. En quelques mots rapides elle dit qu’elle veut vite s’en aller : elle s’est ennuyée et elle est mécontente de son après-midi. S’approchant pour monter dans la voiture, sa maman lui dit : « Lise, tu ne peux partir comme ça. Tu vas dire merci et au revoir à tes jeunes camarades. » Surprise par cette demande, la fillette marque un temps d’arrêt, puis sous son regard, repart saluer son petit monde. Une fois dans la voiture, la maman explique à sa fille le pourquoi de son exigence.

Sur le quai de la gare, Anaïs est toute heureuse de retrouver sa maman et son petit frère, à son retour d’une semaine à la mer avec sa classe. Alors qu’elle se met à raconter le voyage, avec un certaine excitation qui dit toute sa joie, sa maman, comme celle de Lise, lui demande d’aller dire merci et au revoir à son institutrice. Ce qu’elle fait sans rechigner d’ailleurs !

Voilà des attitudes de jeunes femmes de cette génération que l’on dit « sans repères », qui veulent éveiller leurs enfants à des pratiques de politesse. Elles ne sont ni plus ni moins que les bases fondamentales du savoir-vivre. Dans le premier chapitre de son livre Petit traité des grandes vertus, le philosophe Comte-Sponville présente la politesse comme première porte d’entrée dans la vie sociale. À leur âge, Lise et Anaïs peuvent comprendre cela et mettre en pratique les notions premières des salutations et des remerciements.

Que leurs mamans leur permettent d’exprimer leurs émotions et leurs sentiments, agacement pour Lise, enthousiasme pour Anaïs, est bien légitime. Les aider à les hiérarchiser par rapport aux valeurs précieuses de la vie en société relève d’un acte éducatif. Certains parents n’ont pas de telles exigences avec leurs enfants parce que fonctionnant, comme eux, sur des élans primesautiers, ils ne prennent pas la distance nécessaire leur permettant d’intégrer ces valeurs.

Dire que les repères éducatifs disparaissent n’est pas toujours vrai. Au contraire, ne peut-on pas penser que Lise et Anaïs, éduquées ainsi aujourd’hui, pourront à leur tour transmettre ce qu’elles ont reçu de leur famille au retour d’un anniversaire ou d’une semaine à la mer ?

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Michel AMALRIC

Prêtre du diocèse d’Albi, chargé de la communication.

Publié: 01/03/2023