À Rome... et ici

Aux quatre coins du monde, pour beaucoup, croyants ou non, catholiques ou non, l’élection du pape François est un événement important. L’abondance des commentaires est à la hauteur de l’immense surprise. Les mots de « pauvreté », de « simplicité » reviennent fréquemment. Certains se réjouissent des perspectives de changements à Rome, dans l’environnement du pape, tant est grande l’attente de voir se restaurer l’image de l’Église, quelque peu abîmée ces dernières années.

Pour ma part, dans les jours précédant le conclave, j’avais lu dans la presse une présentation du cardinal Bergoglio. Découvrant sa manière de vivre et ses choix d’évêque, je m’étais dit : « Ce cardinal est trop engagé du côté des pauvres pour accéder à la charge papale. » Aussi, en entendant prononcer son nom, suis-je resté stupéfait. Même si je pensais que sa désignation était le fruit des échanges entre les membres du conclave, je devais me rendre à l’évidence : le choix porté sur ce cardinal relevait de quelqu’un d’autre... Dans la pensée chrétienne, l’action de l’Esprit Saint pouvait seule expliquer ce choix.

Quant au prénom que le pape a choisi... il n’est pas fortuit. Il est porteur de tout un message. Pour l’écrivain Christian Bobin : « Un prénom est une force endormie posée sur le crâne du nouveau-né. Très souvent, les personnes ressemblent à leur prénom qui leur donne une orientation inconsciente, comme clandestine. L’homme qui vient de naître sous nos yeux (François), puisque c’est naître que de prendre un autre prénom, est déjà poussé par le choix qu’il vient de faire lui-même... » Voilà que dès les premières heures, le pape François, par des gestes tout simples à forte signification symbolique, a donné des signes très forts qui préfigurent son pontificat.

Une question demeure pour moi : l’impulsion que pourra communiquer le pape sera- t-elle ressentie dans nos petites communautés ? Quel pourrait être le rôle d’un pasteur si le troupeau ne marchait pas à sa suite ? Bien des accents de nos manières de vivre en Église sont appelés au changement : la pauvreté dans nos institutions, la présence aux plus démunis, la coresponsabilité laïcs-prêtres, la concertation pour les décisions… Beaucoup d’observateurs ont retenu le mot de “mondain“ employé par le Pape pour nous rappeler aussi le danger qui guette nos actions caritatives, si elles ne s’appuient pas sur le Christ.

Aujourd’hui, ici ou là, des sensibilités diverses s’expriment dans les choix pastoraux des paroisses. Les réponses aux attentes des laïcs pour des actes du culte -baptême, mariage, sépulture et réconciliation- ne sont pas toujours vécues dans l’écoute et le dialogue. Des chrétiens ne supportent pas des propos moralisateurs alors que le pape a parlé de « miséricorde »... Sommes-nous prêts, dans nos Églises locales, à prendre en compte des ajustements nécessaires pour que le souffle de l’Esprit venu de Rome nous atteigne ?

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Michel AMALRIC

Prêtre du diocèse d’Albi, chargé de la communication.

Publié: 01/05/2013