Risque zéro

Un titre du journal accroche mon regard : « Des enfants élevés dans le risque zéro. » En encadré : « Des enseignants sont de plus en plus nombreux à interdire les gâteaux faits maison pour les anniversaires. »

Mon étonnement est grand à la lecture de cet article. L’auteur fait remarquer qu’aujourd’hui les règlements, les consignes de sécurité et d’hygiène sont de plus en plus complexes, draconiennes même. Il n’y a jamais eu autant d’interdits. Les anciens instituteurs sont déconcertés par l’arsenal de précautions mis en place en milieu scolaire. Il n’y a pas si longtemps, des parents pouvaient accompagner les élèves pour des sorties ; aujourd’hui cela ne paraît guère possible tant les tracasseries administratives font obstacle. En un mot : l’initiative pédagogique serait en voie de disparition ! Finis donc les visites de musées et les séjours en classe verte. Enseignants et personnels administratifs préfèrent se couvrir devant les risques éventuels au cours de telles activités.

On peut se demander si, insidieusement, la peur du danger, et en un mot la peur de tout, ne gagne pas, à grande vitesse, notre société. Un enfant pourra-t-il continuer à jouer avec d’autres copains et amis invités lors d’un anniversaire ? Le climat de soupçon et le manque de confiance sont tels que vous pouvez imaginer votre meilleur voisin capable d’engager contre vous des poursuites si son enfant a fait, par malchance, une mauvaise chute chez vous. Des parents vont-ils encore s’organiser pour accompagner leurs enfants à l’école ? Et que penser du refus des gâteaux faits à la maison au profit de ceux qui sont enveloppés sous vide avec date de péremption ? Est-ce que des pâtisseries confectionnées par des mamans à la maison seraient plus nocives que des gâteaux industriels bourrés de conservateurs ?

Quel type d’éducation avons-nous envie de choisir pour nos enfants ?

Faut-il qu’ils soient toujours aussi protégés, mis en garde ? Faut-il qu’ils vivent dans un monde aseptisé, à l’abri de tout microbe et de toute blessure ?

Lisons l’histoire du papillon : un promeneur observait les tentatives d’un papillon qui essayait laborieusement de sortir de son cocon par un trou bien petit. Pensant qu’il n’y arriverait pas tout seul, notre homme se mit à entailler le cocon avec son couteau. Qu’arriva-t-il ensuite ? Le papillon, né comme par “césarienne“, ne put jamais voler et resta à se traîner par terre. L’effort qu’il aurait dû faire pour sortir par lui-même du cocon devait provoquer la sécrétion d’ un liquide permettant ensuite aux ailes de se déployer.

Cette anecdote évoque bien la situation de nombreux enfants et adolescents continuellement assistés et prémunis de tous dangers. Comment pourront-ils se développer et s’affirmer s’ils ne sont jamais confrontés à des difficultés qui les aident à grandir ?

Quelle confiance et quelle force auront-ils pour tenir debout tout seuls ?

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Michel AMALRIC

Prêtre du diocèse d’Albi, chargé de la communication.

Publié: 01/07/2012