Pessimistes et… généreux

« La décadence d’une société commence quand l’homme se demande : “Que va-t-il se passer ?” au lieu de se demander “Que puis-je faire ?” » (Denis de Rougemont). Cette citation m’est parvenue dans le courrier. Je la trouve très appropriée quand on apprend que les Français, en cette période, sont les champions du pessimisme. On nous connaît râleurs, souvent insatisfaits, voilà que nous sommes crédités d’une nouvelle étiquette : celle de pessimistes !

Il est sûr qu’en ces temps difficiles, les questions sont multiples concernant notre avenir. La crise économique commence à faire sentir ses effets. Qui d’entre nous peut y échapper ? Le débat politique, avec la perspective des élections présidentielles et législatives, semble plus se résumer à des querelles de candidats avec des phrases assassines qu’à des propositions concrètes pour résoudre les problèmes de l’heure. Une enquête lancée par le journal La Croix mettait l’accent sur le mécontentement des Français à ce sujet.

Alors comme le dit Denis de Rougemont : « Faut-il sombrer dans le questionnement sur l’avenir et se laisser atteindre par les gros nuages de l’incertitude ? Faut-il avoir recours à un sauveteur miracle ? » Sa réflexion nous invite à prendre nos propres responsabilités et à nous retrousser les manches. Pour certains, par exemple, cela peut commencer par un regard lucide sur leurs privilèges acquis qu’ils protègent soigneusement. Sommes-nous prêts au partage et prêts à vivre une juste distribution ? Autre exemple : quand nous sommes des spectateurs accros de matches de foot, est-ce que nous ne soutenons pas l’injustice criante de salaires « injurieux » attribués à certains joueurs ? À quand la grève chez les spectateurs ? Malheureusement, la vie facile de certains sportifs séduit souvent ceux qui ont besoin des jeux pour s’évader des tracas de leur vie.

Au constat du pessimisme ambiant, il est juste d’en associer un autre : la générosité constante des Français qui, loin de réduire leurs dons pour l’humanitaire, les augmentent ! Le président du Secours Catholique avoue, en parlant de nos concitoyens : « Nous sommes les champions du bénévolat... Cette année, nous avons dû refuser des volontaires, trop nombreux, pour nos “Réveillons Noël solidaire” ! »

Voilà deux visages contrastés, ne s’excluant pas mais s’interpellant pour répondre à la question « Que puis-je faire ? » À chacun de trouver son style de réponse pour une juste place dans la société. À chacun d’être témoin des questions qui l’habitent et des premiers balbutiements de solutions ! En écho à la citation initiale, une autre me vient à l’esprit : « Celui qui s’endort en disant qu’une chose est impossible, est réveillé par le bruit que font ceux qui commencent à la réaliser. » De quel côté nous situons-nous ? De celui qui s’endort, victime du pessimisme qui le gagne ou bien de celui qui donne de son temps et de ce qu’il a, pour vivre la solidarité ?

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Michel AMALRIC

Prêtre du diocèse d’Albi, chargé de la communication.

Publié: 01/03/2012