Le légal et le moral

En ces temps de campagne électorale, les sollicitations se multiplient pour faire signer des pétitions. Face à des débats autour de problèmes de société tels que l’euthanasie, le mariage homosexuel... des groupes de chrétiens veulent par des manifestations diverses, faire pression pour empêcher la légalisation de pratiques contraires à leur éthique. De nombreux autres, également chrétiens, s’interrogent, indécis... Peut-on voter pour des candidats prêts à reconnaître le mariage homosexuel par exemple ? Comment vivre une tension possible entre le choix d’un candidat et les enseignements de l’Église ? À ces questions embarrassantes s’ajoutent celles qui concernent l’emploi, la précarité grandissante, la politique familiale ou encore l’engagement de la France dans des pays en proie à la violence.

Il est difficile d’y voir clair et le citoyen de base ne prend peut-être pas assez les moyens d’éclairer sa conscience avant de faire son choix dans l’isoloir ! Pour aider à la réflexion ne faut-il pas travailler la distinction entre le légal et le moral ? Contrairement à ce que certains voudraient nous faire croire, on peut affirmer que ce qui est légal n’est pas forcément moral. C’est ainsi que la légalisation de l’avortement a pu entraîner une certaine banalisation. Dans une telle situation, chacun et chacune est renvoyé à sa propre conscience et pas seulement à la légalité de l’acte. En clair, la légalité de l’avortement n’en fait pas une pratique morale.

Alors, faut-il avoir peur de certains projets de loi concernant l’éthique ? Sur un plan personnel, le chrétien engagé dans sa foi peut obéir ou non à une loi qui ne lui paraît pas conforme à ses convictions. C’est ainsi que l’on a vu des médecins refuser de pratiquer un avortement.

Dans les débats d’aujourd’hui, l’Église a deux exigences qu’il convient de rappeler.
Tout d’abord un souci sans faille d’éclairer la conscience des chrétiens par une éthique fondée sur l’Évangile avec, en toile de fond, le respect de l’être humain sous toutes ses formes.
Ensuite dans son rapport à la société, elle a pour mission de lui rappeler que la légalisation de certaines pratiques va à l’encontre, non pas uniquement de l’enseignement de l’Église, mais de tout ce qui peut porter atteinte à la dignité de la personne.

Preuve en est que des humanistes, avec des chrétiens, partagent la même vision de l’homme et tirent ensemble la sonnette d’alarme devant des propositions de lois qui mettent en danger le devenir de la société. Ils s’élèvent avec force contre des propos qui entraînent la confusion entre le moral et le légal. Légaliser l’euthanasie, par exemple, au nom du respect de la liberté du malade, n’est-il pas trompeur ?

Ne faut-il pas que les chrétiens, de leur côté, se souviennent que l’Évangile a toujours mis en avant « de plaire à Dieu avant de plaire aux hommes » ?

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Michel AMALRIC

Prêtre du diocèse d’Albi, chargé de la communication.

Publié: 01/06/2012