Frugalité heureuse

Vide-greniers, brocantes, marchés aux puces sont de plus en plus nombreux. C’est si vrai que des réglementations sont promulguées pour protéger les professionnels de la brocante ! Musarder au milieu des étals est plein d’enseignements : que d’objets mis à la disposition du public, usagés pour la plupart, mais certains presque neufs et encore dans leur emballage d’origine ! À travers cela, on peut réaliser tout ce que nous accumulons dans nos maisons et qui encombrent nos placards : ustensiles, potiches, cadres, vêtements.

Cette promenade est une invitation à regarder en amont. Comment se fait-il que nous possédions tant de choses qui finissent ensuite dans les vide-greniers ? N’aurait-on pas trop acheté ? Besoins réels ou coups de cœur, qu’est-ce qui nous motive ? "Achetons, ça pourra toujours nous servir !" entendons-nous parfois ! Ne faudrait-il pas identifier nos priorités et nos valeurs pour repérer dans nos achats ce qui est important et ce qui ne l’est pas ?

Face à cette hyperconsommation environnante, dont nous avons un exemple dans les marchés aux puces depuis quelques années, on parle de "frugalité heureuse". Des voix s’élèvent et nous invectivent à travers des publications diverses, des conférences et des sites Internet, sur notre manière de consommer ! Invitation pressante à relativiser la dimension économique de l’individu en tant que producteur-consommateur au profit d’autres dimensions de la vie. “Avoir plus“, “posséder plus“ impliquent la course à un pouvoir d’achat croissant qui induit la mise en œuvre du "travailler plus pour gagner plus" (!). Au final, l’individu, dans cette course, ne perd-il pas de vue sa famille, ses relations, dans une quête aberrante et destructrice du “toujours plus“ ?

L’invitation à la "frugalité heureuse" n’est pas un appel à l’ascétisme, à la privation, mais à la simplicité volontaire. Cela ne veut pas dire qu’il faut fournir des efforts immenses pour y arriver. Le terme "volontaire" signifie en fait que l’on décide de vivre selon sa volonté : invitation à reprendre le contrôle de son existence plutôt que de suivre le courant, sans savoir s’il nous emmène là où nous désirons vraiment nous rendre. Sur Internet, on trouve cette définition de la simplicité volontaire, pleine de bon sens : "Se concentrer sur l’essentiel et débrancher le pilotage automatique."

Pour ceux qui veulent s’engager sur ce chemin-là on peut lire quelques conseils dans un guide : « Profiter du samedi pour faire une balade en forêt ou pour s’investir dans une association plutôt que de se rendre au centre commercial, limiter sa garde-robe en offrant un vêtement que l’on ne porte plus pour chaque vêtement que l’on a acheté, faire durer ses objets plutôt que les renouveler sans cesse en suivant les modes... »

Au bout du compte, d’ici quelques années, plus besoin de courir très tôt le matin au vide-grenier du village voisin ! Plus de stress pour trouver une place... On est gagnant sur tous les plans !

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Michel AMALRIC

Prêtre du diocèse d’Albi, chargé de la communication.

Publié: 01/06/2011