De quel « père » parle-t-on ?

S’il est un nom qui comporte plusieurs sens aujourd’hui, c’est bien celui du « père ». Nous avons quitté l’époque du père « classique », avant tout le « géniteur ». Il vit en famille avec sa femme, ses enfants qu’il a reconnus et assure conjointement avec la mère le rôle d’éducateur, se présentant comme celui qui rappelle la loi et pose l’interdit de l’inceste : nécessité de la séparation de la mère et de l’enfant.

Depuis des décennies, on assiste à un changement considérable dans l’approche de la paternité. En employant le mot « père » de qui parle-t-on ? Nous pouvons en dresser plusieurs figures contemporaines différentes du père « classique », évoqué ci-dessus.

Le père divorcé, appelé parfois le « père dominical ». Ses enfants portent son nom et le rencontrent, suivant des modalités élaborées juridiquement : le dimanche, le temps des vacances ou encore la garde partagée. Des couples se plaisent à dire qu’ils ont le souci de préserver le couple parental même si le couple conjugal n’existe plus.

Le père concubin peut être perçu comme peu différent du père marié. Il a reconnu les enfants nés de son union avec celle qui n’a pas le statut d’épouse. Il partage la tâche éducatrice et nourricière. L’enfant vit avec son père et sa mère même s’ils ne sont pas couple institué.

Le beau-père, lui, vit avec les enfants de sa femme divorcée. S’il est lui-même divorcé, il peut avoir des enfants de sa première union. Dans le couple où il vit, il partage - d’une manière discrète - la tâche éducatrice des enfants de sa femme même s’il n’a pas de droit sur eux. Parfois ce beau-père n’a aucune affection pour ces enfants-là... obligés d’aller vivre ailleurs !

Il est une autre approche plus subtile et quelque peu mercantile comme si, en un certain sens, le père vendait sa paternité. C’est le père géniteur qui vit au foyer d’une femme. Il conçoit avec elle un enfant, mais ne le reconnaît pas et cela bien souvent pour des raisons financières : la mère peut continuer à percevoir les allocations versées aux mères seules, c’est la ruse du ménage, soufflée parfois par la femme. En un sens, elle lui fait vendre sa paternité. Cet homme ne se rend pas compte que non seulement il fait remplir par l’Etat la fonction du père nourricier qu’il n’assume pas, mais il compromet son titre de père irrévocablement.

Il y a aussi le père naturel, géniteur ignorant de sa paternité : sa progéniture est dans la nature. Pas de reconnaissance, même pas par la mère qui ne peut l’identifier ! Autre figure encore, celle du géniteur X... qui donne de son sperme pour une fécondation in vitro.

Ces nouvelles figures paternelles ne sont pas sans incidence sur le développement psychique des enfants. De plus, s’ils sont initiés à la foi chrétienne et s’ils apprennent le « Notre Père », à quelle image de « père » font-ils référence ?

Une faute d'orthographe, une erreur, un problème ?   
 
Michel AMALRIC

Prêtre du diocèse d’Albi, chargé de la communication.

Publié: 01/11/2010