Croire en Dieu rend-il crétin ?

Tel est le sous-titre du livre d’Emmanuel Jaffelin, enseignant en philosophie : « On ira tous au paradis. » À la dernière page, un élément de réponse : « Dieu est là. Loin d’être une fabrique de crétins, la religion participe d’un ré-enchantement du monde porteur de fortes aspirations... Je ne crois pas par naïveté... Croire m’indique un chemin » dit l’auteur. Par trois étapes, d’une manière didactique, il nous y prépare : Dieu expire, Dieu respire, Dieu inspire.

Tout d’abord, il montre que, dès les philosophies de l’antiquité jusqu’à nos jours, divers courants idéologiques cherchent à éliminer Dieu pour favoriser l’émancipation de l’homme, susciter son autonomie, et ne plus avoir besoin d’un maître à penser. Depuis des décennies, fait-il remarquer, cette démarche va de pair, avec la victoire de l’avoir sur l’être. Progressivement l’homme se dénature. Livré à lui-même dans sa quête du « toujours plus » il n’est plus assujetti à une quelconque transcendance parce qu’enlisé dans un athéisme marchand qui fait de lui un être de l’avoir. Tout semble fait pour que Dieu « expire »...

Dans sa deuxième partie, Dieu « respire »... L’auteur pointe son regard sur cette société qui, aussi matérialiste qu’elle soit, donne pour autant des signes d’interrogation, de recherche à travers l’émergence du sacré, même déconnecté des religions, il note que, déjà au moment de la révolution française, la fête de l’Être suprême n’a pas réussi à être instaurée. Plus proche de nous, le stalinisme échoua en voulant faire table rase de toute expression de foi. Aujourd’hui, la religion orthodoxe dans la Fédération de Russie représente plus de 50 millions de participants. A Moscou il y avait 46 églises ouvertes avant la perestroïka. Il y en a 460 aujourd’hui. À l’époque actuelle à travers les courants écologiques, par exemple, l’avenir de la planète et de l’homme est en question et les débats autour de la bioéthique soulèvent l’opinion. Tout cela pour dire que Dieu “respire“ encore !

Dans la dernière partie de son livre, intitulée Dieu “inspire“, l’auteur fait un plaidoyer en faveur de la prière, repérée comme une pratique qui libère l’homme de la production et de l’avoir : « Il y a dans la prière, considérée du point de vue économique, une passivité qui s’oppose à l’activité par excellence, le travail. Agir, de nos jours, signifie produire. Par définition, celui qui prie est, au moins pendant le temps de sa prière, improductif... Si la prière trouve grâce, c’est parce qu’on y voit une sorte de méditation pouvant concourir au bien être de ceux qui la pratiquent. » Il est à souhaiter que son message soit entendu de beaucoup !!

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Michel AMALRIC

Prêtre du diocèse d’Albi, chargé de la communication.

Publié: 01/12/2013