29e dimanche ordinaire

1. La place de la femme dans la tradition juive au temps de Jésus était bien définie et découlait de la conception qu’on avait du mariage. Son rôle tenait en deux devoirs : avoir des enfants et soigner son mari, à charge pour ce dernier de lui assurer les meilleures conditions de vie. Sans famille, sans enfants, une veuve était réduite à la mendicité. La parabole donne à voir une veuve à la porte d’un juge sans foi ni loi, dépourvu de justice, pour lui demander justice. Elle ne se résigne pas à subir l’injustice et va, comme il est écrit, « assommer » ce juge pour que justice lui soit rendue. Sa persévérance obtiendra justice. Cette parabole rappelle celle de cet homme venu, de nuit, demander, du pain à un ami déjà couché. Lui aussi se lèvera à cause de l’insistance de son ami, soucieux du bien-être de ses hôtes.

2. La vocation d’un juge est de faire respecter le droit, et plus particulièrement le droit du pauvre face à celui qui l’exploite dans sa pauvreté. En mettant en scène ce juge qui ne craint pas Dieu, ne respecte pas les hommes, sans foi ni loi, Jésus personnalise tout le contraire de cette vocation, l’iniquité elle-même. Celle que le prophète Isaïe avait déjà dénoncé publiquement : « Tes chefs sont des rebelles, complices des voleurs. Tous, ils aiment les présents, ils courent après les gratifications. Ils ne rendent pas justice à l’orphelin, et la cause de la veuve n’arrive pas jusqu’à eux. » Cette veuve demande bien plus que son dû. Elle demandait que la justice ait raison de l’injustice.

3. Est-ce de l’obstination ? Jésus, lui, parle de persévérance. L’obstination disparaît lorsque le but de la demande est atteint. La persévérance dont Jésus parle n’a pas de limite dans le temps, dépasse nos horizons puisqu’elle fait demeurer en communion avec le Seigneur. Elle est parente de la fidélité, elle-même, fille de la confiance. Peut-on alors parler de l’inefficacité de la prière ? « Tu nous donnes beaucoup plus que ce que nous n’osons demander » nous fait dire une oraison. On peut méditer ce qu’en écrivait Antoine de Saint-Exupéry : « La grandeur de la prière réside d’abord en ce qu’il n’y est point répondu. » Parce qu’elle ne peut se réduire à répondre à nos mendicités. Le pèlerinage du Rosaire vient de se terminer. Lieu de prière exceptionnel tant par le nombre de priants que par celui des intentions emportées au pied la grotte de Massabielle. Il n’y eut pourtant que 70 guérisons reconnues et 7 200 jugées inexpliquées. Mais on ne peut compter les personnes qui disent en être revenues avec des guérisons d’un autre ordre que physique, des guérisons de l’âme, des revitalisations de leur foi. « Une trouée de lumière » m’a confiée l’une des participantes.

4. Cette veuve s’est levée pour aller demander justice. La prière engage et ne peut être attente passive. Aujourd’hui que d’hommes et de femmes subissent injustices, menaces, violences, conflits, attentats, exodes, persécutions, exploitation, corruption, de mauvais traitements, harcèlements, abus ! Des guides sans foi ni loi abusent de leurs pouvoirs pour se soumettre les sans-défense. Gardons-nous d’abord d’en être et engageons-nous à ne nous laisser cloisonner dans l’indifférence. Moïse eut besoin des bras d’Aaron et de Hour, ses compagnons, pour garder ses mains levées. Le Seigneur nous a confiés les uns aux autres. Avant de lui demander des secours, soyons son cœur, son regard, sa voix, ses bras rien que là où nous sommes.


Méditation

Seigneur, je ne sais pas prier
Je ne sais que réclamer, quémander,
Impatient de voir mes souhaits se réaliser,
Mécontent s’ils ne sont pas exaucés.

Apprends-moi à devenir l’un de ces « tout-petits »
Qui ne savent que garder les yeux grands ouverts,
Admiratifs et reconnaissants, levés, vers leur Père
Et, pour le don de son Esprit, lui dire merci.

Emporte-moi, Seigneur, dans ta prière,
Celle qu’en Fils bien-aimé toi seul sais faire.
Avec toi alors je serai sûr de ne pas rabâcher
Et en de vaines paroles m’égarer.

Alors j’avancerai plus léger sur cette route pèlerine
Avec Toi à mes côtés vers la basilique divine
Qui rassemblera tous les enfants, joyeux
De chanter la gloire du Père qui est dans les Cieux.

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Aloyse SCHAFF

Capitaine de Port Saint Nicolas.
Prêtre du diocèse de Metz. Fut professeur de sciences physiques et directeur du lycée Saint-Augustin à Bitche (57).
Activités pastorales dans les communautés de paroisses du Bitcherland.
Animation d’ateliers d’information et de réflexion sur les textes bibliques et l’histoire chrétienne : Pères de l’Eglise, fondateurs des grands ordres religieux, les grands papes, les grands saints du Moyen-Âge, du XVIe siècle. Des présentations à découvrir sur le site.

Publié: 16/10/2022