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Numéro(s) recherché(s): Presbyterorum Ordinis 2-3

Presbyterorum Ordinis2Le presbytérat dans la mission de l'Eglise

Nature du presbytérat

Le Seigneur Jésus, "que le Père a sanctifié et envoyé dans le monde" (Jn 10,36), fait participer tout son Corps mystique à l'onction de l'Esprit qu'il a reçue (1): en lui, tous les chrétiens deviennent un sacerdoce saint et royal offrant des sacrifices spirituels à Dieu par Jésus-Christ, et proclament les hauts faits de celui qui les a appelés des ténèbres à son admirable lumière (2). Il n'y a donc aucun membre qui n'ait sa part dans la mission du Corps tout entier; chacun d'eux doit sanctifier Jésus dans son coeur (3) et rendre témoignage à Jésus par l'Esprit de prophétie (4).

Mais le même Seigneur, voulant faire des chrétiens un seul corps, où "tous les membres n'ont pas la même fonction" (Rm 12,4), a établi parmi eux des ministres qui, dans la communauté des chrétiens, seraient investis par l'Ordre du pouvoir sacré d'offrir le Sacrifice et de remettre les péchés (5), et y exerceraient publiquement pour les hommes au nom du Christ la fonction sacerdotale. C'est ainsi que le Christ a envoyé ses apôtres comme le Père l'avait envoyé (6), puis, par les apôtres eux-mêmes, il a fait participer à sa consécration et à sa mission les évêques, leurs successeurs (7), dont la fonction ministérielle a été transmise aux prêtres à un degré subordonné (8): ceux-ci sont donc établis dans l'Ordre du presbytérat pour être les coopérateurs de l'ordre épiscopal (9) dans l'accomplissement de la mission apostolique confiée par le Christ.

La fonction des prêtres, en tant qu'elle est unie à l'Ordre épiscopal, participe à l'autorité par laquelle le Christ construit, sanctifie et gouverne son Corps. C'est pourquoi le sacerdoce des prêtres, s'il suppose les sacrements de l'initiation chrétienne, est cependant conféré au moyen du sacrement particulier qui, par l'onction du Saint-Esprit, les marque d'un caractère spécial, et les configure ainsi au Christ Prêtre pour les rendre capables d'agir au nom du Christ Tête en personne (10).

Participant, pour leur part, à la fonction des apôtres, les prêtres reçoivent de Dieu la grâce qui les fait ministres du Christ Jésus auprès des nations, assurant le service sacré de l'Evangile, pour que les nations deviennent une offrande agréable, sanctifiée par l'Esprit-Saint (11). En effet, l'annonce apostolique de l'Evangile convoque et rassemble le peuple de Dieu, afin que tous les membres de ce peuple, étant sanctifiés par l'Esprit-Saint, s'offrent eux-mêmes en "victime vivante, sainte, agréable à Dieu" (Rm 12,1).

Mais c'est par le ministère des prêtres que se consomme le sacrifice spirituel des chrétiens, en union avec le sacrifice du Christ, unique Médiateur, offert au nom de toute l'Eglise dans l'Eucharistie par les mains des prêtres, de manière non sanglante et sacramentelle, jusqu'à ce que vienne le Seigneur lui-même (12). C'est là qu'aboutit leur ministère, c'est là qu'il trouve son accomplissement: commençant par l'annonce de l'Evangile, il tire sa force et sa puissance du Sacrifice du Christ et il aboutit à ce que "la Cité rachetée tout entière, c'est-à-dire la société et l'assemblée des saints, soit offerte à Dieu comme un sacrifice universel par le Grand Prêtre qui est allé jusqu'à s'offrir pour nous dans sa Passion, pour faire de nous le Corps d'une aussi grande Tête (13).

Ainsi donc, la fin que les prêtres poursuivent dans leur ministère et dans leur vie, c'est de rendre gloire à Dieu le Père dans le Christ. Et cette gloire, c'est l'accueil, conscient, libre et reconnaissant, des hommes à l'oeuvre de Dieu accomplie dans le Christ; c'est le rayonnement de cette oeuvre à travers toute leur vie. Ainsi, dans les temps de prière et d'adoration comme dans l'annonce de la Parole, dans l'offrande du sacrifice eucharistique et d'administration des autres sacrements comme dans les différents ministères exercés au service des hommes, les prêtres contribuent à la fois à faire grandir la gloire de Dieu et à faire avancer les hommes dans la vie divine. Tout cela découle de la Pâque du Christ, tout cela s'achèvera dans le retour glorieux du Seigneur, quand il remettra la royauté à Dieu le Père (14).
(1) cf. Mt. 3,16;Lc 4,18; Act.4,27; 10,38.
(2) cf. 1 Petr.2,5 et 9.
(3) cf. 1 Petr. 3,15.
(4) cf. Apoc.19,10. - Conc.Vat.II, Const.dogm.de Ecclesia,n.35.
(5) Conc. Trent. sess.23,cap.1 et can.1: Denz.957 et 961 (1764 et 1771).
(6) Cf. Io.20,21.- Conc.Vat.II,Const.dogm.Ecclesiae, n.18.
(7) Cf. Conc. Vat.II, Const. dogm. Ecclesia, n. 28.
(8) Cf. ibid.
(9) Cf. Pont. Rom.0 "De Ordinatione Presbyteri" Préface, Haec verba iam inveniuntur in Sacra, mentario Veronensi (Mohlberg, Rome 1956,p.122); item in Missel français (Mohlberg Rome 1957,p.ç); iem in Libro Sacramentorum Romanae Ecclesiae (Mohlberg Rome 1960, p.25); item in Pontificali Romano-Germanico (Vogel-Elze, Cité du Vatican 1963, vol.I,p.34);
(10) Cf. Conc. Vat. II, Const.dogm.de Ecclesia, n.10
(11) Cf. Rom. 15,16 gr.
(12) Cf. 1 Cor. 11,26.
(13) S. Augustin, De civitate Dei, 10,6 - PL 41, 284.
(14) Cf. 1 Cor. 15, 24.
Presbyterorum Ordinis3Condition des prêtres dans le monde

Pris du milieu des hommes et établis en faveur des hommes, dans leurs relations avec Dieu, afin d'offrir des dons et des sacrifices pour les péchés (1), les prêtres vivent avec les autres hommes comme des frères. C'est ce qu'a fait le Seigneur Jésus: Fils de Dieu, Homme envoyé aux hommes par le Père, il a demeuré parmi nous et il a voulu devenir en tout semblable à ses frères, à l'exception cependant du péché (2). Et déjà, il a été imité par les saints apôtres: saint Paul, docteur des nations, "mis à part pour l'Evangile de Dieu" (Rm 1,1), atteste qu'il s'est fait tout à tous afin de les sauver tous (3). Par leur vocation et leur ordination, les prêtres de la Nouvelle Alliance sont, d'une certaine manière, mis à part au sein du peuple de Dieu; mais ce n'est pas pour être séparés de ce peuple, ni d'aucun homme quel qu'il soit; c'est pour être totalement consacrés à l'oeuvre à laquelle le Seigneur les appelle (4). Ils ne pourraient être ministres du Christ s'ils n'étaient témoins et dispensateurs d'une vie autre que la vie terrestre, mais ils ne seraient pas non plus capables de servir les hommes s'ils restaient étrangers à leur existence et à leurs conditions de vie (5). Leur ministère même exige, à un titre particulier, qu'ils ne prennent pas modèle sur le monde présent (6) et, en même temps, il réclame qu'ils vivent dans ce monde au milieu des hommes, que, tels de bons pasteurs, ils connaissent leurs brebis et cherchent à amener celles qui ne sont pas de ce bercail, pour qu'elles aussi écoutent la voix du Christ, afin qu'il y ait un seul troupeau, un seul pasteur (7).

Pour y parvenir, certaines qualités jouent un grand rôle, celle qu'on apprécie à juste titre dans les relations humaines, comme la bonté, la sincérité, la force morale, la persévérance, la passion pour la justice, la délicatesse, et d'autres qualités encore, celles que l'apôtre Paul recommande quand il dit: "Tout ce qu'il y a de vrai, d'honorable, tout ce qui est juste, pur, digne d'être aimé, tout ce qui est vertueux et digne d'éloges, faites-en l'objet de vos pensées". (Phil 4,8) (8).
(1) Cf. Hebr. 5,1.
(2) Cf. Hebr. 2,17; 4,15.
(3) cf. 1 Cor. 9, 19-23 Vg.
(4) Cf. Act. 13,2.
(5) Ce zèle de progrès spirituel et moral trouve un stimulant de plus dans les conditions où se déroule la vie de l'Eglise. Celle-ci ne saurait demeurer indifférente aux changements du monde qui l'environne et qui, on le sait, n'est point séparée du monde, elle vit dans le monde.Les membres de l'Eglise subissent l'influence du monde; ils en respirent la culture, en acceptent les lois et en adoptent les moeurs. Ce contact intime avec la société temporelle crée pour l'Eglise une situation toujours pleine de problèmes; aujourd'hui, ceux-ci sont particulièrement aigus (...). Voici comment saint Paul éduquait les chrétiens de la première génération: "Ne formez pas avec les infidèles d'attelage disparate. Quel rapport, en effet, entre la justice et l'impiété, Quelle union entre la lumière et les ténèbres? ou quelle assoc iation entre le fidèle et l'infidèle?" (2 Cor.6, 14-15). La pédagogie et le devoir qui en découle de vivre dans le monde sans être du monde, selon le souhait rappelé ci-dessus, que Jésus formait pour ses disciples: "Je ne te prie pas de les retirer du monde, mais de les garder du mal. Ils ne sont pas du monde, comme moi je ne suis pas du monde" (Jn 17,15-16). Et l'Eglise fait sien ce même souhait. Mais cette distinction d'avec le monde n'est pas une séparation. Bien plus, elle n'est pas indifférence ni mépris. Quand l'Eglise se distingue de l'humanité, elle ne s'oppose pas à elle, au contraire, elle s'y unit]. (Paul VI, encyc. Ecclesiam suam, 6 Août 1964: AAS 56 (1964),pp. 5627 et 638.
(6) Cf. Rom. 12,2.
(7) Cf. Io 10, 14-16.
(8) Cf. S Polycarpe, Epis. ad Philip. VI,1 [es presbytres, eux aussi, doivent être compatissants, miséricordieux envers tous; qu'ils ramènent les égarés, qu'ils visitent tous les malades, sans négliger la veuve, l'orphelin, le pauvre; mais "qu'ils pensent toujours à faire le bien devant Dieu et devant les hommes"; qu'ils s'abstiennent de toute colère, acception de personne, jugement injuste; qu'ils se tiennent éloignés de l'argent, qu'ils ne croient pas trop vite du mal de quelqu'un et ne soient pas raides dans leurs jugements; sachant que nous sommes tous débiteurs du péché": trad P.Th. Camelot] (Funk I, 303).
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Publié: 30/11/1959