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Numéro(s) recherché(s): Inter Mirifica 3-12

Inter Mirifica3La doctrine de l'Eglise

Tâches de l'Eglise

L'Eglise a été fondée par le Christ Notre-Seigneur pour apporter le salut à tous les hommes; elle se sent donc poussée par l'obligation de prêcher l'Evangile. Aussi bien l'Eglise catholique estime-t-elle qu'il est de son devoir, d'une part, d'employer aussi les instruments de communication sociale pour annoncer le message du salut et, d'autre part, d'enseigner aux hommes le bon usage de ces moyens.

L'Eglise a donc le droit inné d'utiliser et de posséder ces moyens sans exception, dans la mesure où ils sont nécessaires ou utiles à la formation chrétienne et à toute autre action pastorale. Les pasteurs ont le devoir d'instruire et d'orienter les fidèles en sorte que ceux-ci utilisent les moyens de manière à assurer leur propre salut et perfection, comme ceux de l'humanité entière.

Enfin, il revient principalement aux laïcs d'animer de valeurs chrétiennes et humaines ces moyens, afin qu'ils répondent pleinement à la grande attente de l'humanité et au dessein de Dieu.
Inter Mirifica4La loi morale

Pour qu'il soit fait un usage correct de ces moyens, il est absolument nécessaire que tous ceux qui les utilisent connaissent les principes de l'ordre moral et les appliquent fidèlement. Ils prêteront, certes, d'abord attention à l'objet, c'est-à-dire au contenu, communiqué conformément à la nature propre de chaque instrument; mais aussi au contexte dans lequel s'effectue la communication, comme, par ex. le but, les personnes, le lieu, le temps, etc... Car le contexte peut en altérer et même changer totalement la moralité. A ce propos, signalons en particulier le mode d'action propre de ces moyens, c'est-à-dire leur puissance d'impact, qui est souvent telle que les hommes - surtout s'ils sont insuffisamment préparés - ne peuvent que difficilement s'en rendre compte, la dominer ou la rejeter le cas échéant.

Il est absolument indispensable que toutes les personnes intéressées se forment une conscience droite sur l'utilisation de ces instruments, principalement à propos de plusieurs questions vivement discutées de nos jours.
Inter Mirifica5Le droit à l'information

La première question concerne l'information, c'est-à-dire la collecte et la diffusion de nouvelles. Avec le progrès de la société moderne et les liens d'interdépendance de plus en plus étroits entre ses membres, l'information s'avère hautement utile et même, la plupart du temps, indispensable: c'est une évidence. La diffusion publique et en temps voulu de faits et d'événements permet à chaque homme d'en avoir une connaissance exhaustive et permanente. Par là même, chacun pour sa part peut concourir efficacement au bien commun et tous ensemble peuvent contribuer plus aisément à la prospérité et au progrès de toute la société. Aussi bien trouve-t-on inhérent à la société humaine le droit à l'information sur les sujets qui intéressent les hommes, soit en tant qu'individus, soit en tant que membres d'une société, selon la situation de chacun. Cependant le bon exercice de ce droit requiert que la communication soit, quant à l'objet, toujours véridique et - dans le respect des exigences de la justice et de la charité - complète; qu'elle soit, quant au mode, honnête et convenable, c'est-à-dire que, dans l'acquisition et dans la diffusion des nouvelles, elle observe absolument les lois morales, les droits et la dignité de l'homme. Car toute connaissance n'est pas profitable; "par contre la charité édifie" (1 Cor. 8,1).
Inter Mirifica6Art et morale

La seconde question concerne les rapports d'interférence entre les droits de l'art - pour reprendre une expression courante - et les lois de la morale. Les controverses qui se multiplient autour de ce thème ont souvent leur origine en des doctrines erronées en matière d'éthique et d'esthétique. Aussi bien le Concile proclame-t-il que la primauté de l'ordre moral objectif s'impose absolument à tout le monde. Cet ordre est le seul à transcender et à harmoniser les formes diverses - si nobles qu'elles soient en elles-mêmes - de l'activité humaine, sans en excepter l'art. Seul il atteint l'homme dans la totalité de son être, comme créature dotée de raison par Dieu et appelée par lui à une destinée surnaturelle. D'ailleurs c'est dans le respect intégral et fidèle de cet ordre que l'homme atteint sa perfection et son bonheur.
Inter Mirifica7Exposé du mal moral

Troisièmement, le récit, la description ou la représentation du mal moral peuvent assurément apporter, grâce aux moyens de communication sociale, une connaissance et une analyse plus profondes de l'homme, une manifestation et une exaltation du vrai et du bien en toute leur splendeur, si l'on ménage par ailleurs les effets dramatiques appropriés. Cependant, pour que cela soit plutôt profitable que nuisible aux âmes, il faut se conformer rigoureusement à la morale, surtout quand il s'agit de thèmes qui exigent une certaine réserve ou qui éveillent plus facilement des désirs mauvais chez l'homme blessé par le péché originel.
Inter Mirifica8L'opinion publique

Les opinions publiques exercent de nos jours une énorme influence sur la vie privée et publique des citoyens, à quelque milieu qu'ils appartiennent. Il est donc nécessaire que tous les membres de la société remplissent dans ce domaine aussi leurs devoirs de justice et de vérité. Ils emploieront les moyens de communication sociale pour concourir à la formation et à la diffusion de saines opinions publiques.
Inter Mirifica9Devoirs des usagers

Tous les usagers - c'est-à-dire lecteurs, spectateurs et auditeurs - reçoivent par libre choix personnel les messages diffusés par ces moyens. Des devoirs particuliers s'imposent donc à eux. Par leur choix, ils encourageront nettement tout ce qui présente une réelle valeur morale, culturelle et artistique; ils éviteront tout ce qui pourrait être, soit pour eux-mêmes cause ou occasion de préjudice spirituel, soit pour les autres cause de scandale par leur mauvais exemple, soit enfin pour les communications elles-mêmes un obstacle aux bonnes et un appui aux mauvaises. Ce dernier cas se produit le plus souvent lorsqu'on soutient de ses propres deniers des gens qui exploitent ces moyens en tenant uniquement compte des critères du profit.

Afin de conformer leur conduite à la loi morale, les usagers ne négligeront pas leur devoir de se renseigner à temps sur les positions adoptées en ces matières par l'autorité compétente et de s'y soumettre selon les normes de la conscience droite. De plus, en recourant aux moyens appropriés, ils voudront se former une conscience éclairée et droite afin de résister plus facilement aux influences moins honnêtes et de suivre sûrement les bonnes.
Inter Mirifica10Devoirs des jeunes et des parents

Les usagers, les jeunes tout particulièrement, doivent s'entraîner à la modération et à la discipline dans l'usage de ces moyens et chercher en outre à mieux comprendre ce qu'ils voient, entendent et lisent. Ils en discuteront, soit avec leurs éducateurs, soit avec des spécialistes en ces matières; ils apprendront ainsi à se former un jugement droit. Les parents, de leur côté, se souviendront qu'il est de leur devoir de veiller avec soin que les spectacles, les imprimés, etc. contraires à la foi ou à la morale, ne pénètrent pas dans leur foyer et que leurs enfants en soient préservés ailleurs.
Inter Mirifica11Devoirs des producteurs

Une particulière responsabilité dans le bon usage des moyens de communication affecte les journalistes, écrivains, acteurs, metteurs en scène, réalisateurs, programmateurs, distributeurs, producteurs, vendeurs, critiques, en un mot tous ceux qui, d'une manière ou d'une autre, participent à la réalisation et à la diffusion des communications. Qu'il faille, dans notre monde tel qu'il est, faire peser une grave responsabilité sur toutes ces catégories de personnes, cela est particulièrement évident, car elles peuvent, par les informations qu'elles diffusent et les pressions qu'elles exercent, engager l'humanité sur un bon ou un mauvais chemin.

Aussi bien leur revient-il de concilier les facteurs économiques, politiques ou artistiques, de telle sorte que ceux-ci n'aillent jamais à l'encontre du bien commun. Pour atteindre plus aisément ce résultat, ils feront bien d'entrer dans des organisations professionnelles capables d'imposer à leurs membres le respect de la morale dans les problèmes et activités de leur métier, si besoin est, par l'engagement formel d'observer un code moral.

Ces personnes se souviendront toujours qu'une grande partie de leurs lecteurs et spectateurs est composée de jeunes qui ont besoin d'une presse et de spectacles leur assurant des divertissements honnêtes et élevant leur âme vers les nobles idéaux. Elles veilleront en outre à confier à des collaborateurs sérieux et compétents les questions religieuses, pour que celles-ci soient traitées avec tout le respect qui s'impose.
Inter Mirifica12Devoirs des pouvoirs publics

Les pouvoirs publics ont des devoirs particuliers en ce domaine, en considération du bien commun auquel sont ordonnés ces moyens. L'autorité a la charge de défendre et de protéger - particulièrement en ce qui concerne la presse - la vraie et juste liberté de l'information, dont la société moderne a absolument besoin pour son progrès; de favoriser les valeurs religieuses, culturelles et artistiques; de garantir aux usagers la libre jouissance de leurs droits légitimes. Il est, en plus, du devoir de ces autorités, de soutenir les initiatives qui, tout en étant grandement utiles, surtout à la jeunesse, ne pourraient être réalisées sans leur concours.

Enfin, les pouvoirs publics qui à bon droit se soucient du bien-être des citoyens, ont aussi le devoir de s'assurer avec justice et perspicacité, en promulguant des lois et en veillant à leur efficace application, que le mauvais usage de ces moyens ne crée pas de graves dangers pour la moralité publique et le progrès de la société. Cette intervention ne porte nullement atteinte à la liberté des individus et des groupements, surtout dans le cas où on ne trouve pas de sérieuses garanties chez ceux qui par profession utilisent ces moyens.

Des mesures spéciales seront prises pour défendre les adolescents contre une presse et des spectacles nuisibles à leur âge.
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Publié: 30/11/1959