Face au FN, l’épiscopat français dit "non aux mots qui tuent"

Devant les thèses racistes du FN, les évêques ont multiplié les mises en garde avec une constance qui trouve ses racines autant dans la Bible que dans l’enseignement du magistère.

Que dit la Bible ?

Exode 22, 20 : "Tu ne molesteras pas l’étranger ni l’opprimeras, car vous-même avez été étrangers dans le pays d’Egypte."

Lévitique 19, 34 : "L’étranger qui réside avec vous sera pour vous comme un compatriote et tu l’aimeras comme toi-même, car vous avez été étrangers au pays d’Egypte."

Matthieu 25, 43 : "J’étais un étranger et vous m’avez accueilli."

Que dit le magistère ?

Concile Vatican II, Gaudium et Spes 29, 2 : "Toute forme de discrimination touchant les droits fondamentaux de la personne, qu’elle soit fondée sur le sexe, la race, la couleur de la peau, la condition sociale, la langue ou la religion, doit être dépassée comme contraire au dessein de Dieu."

Que disent les évêques ?

Comité épiscopal des migrations, 18 septembre 1996 :

"Quand un homme public ose affirmer comme une vérité l’inégalité des races, il y a danger pour l’ensemble de la société. Cette affirmation sape les fondements de la solidarité si nécessaire en temps de crise. Elle alimente les comportements racistes, le mépris de l’autre, l’exclusion. Elle est une atteinte à l’identité nationale fondée sur les valeurs acceptées par tous, la liberté, l’égalité et la fraternité. Pour un chrétien, ces propos sont inacceptables. L’Evangile du Christ nous rappelle que toute personne humaine, quelle que soit son origine ou sa condition, est sujet d’une dignité absolue qui ne saurait être violée ou méprisée. Cette égale dignité, fondée sur l’image de Dieu que tout homme porte en lui, constitue la base de toute fraternité."

Jean-Marie Le Pen a réagi très vigoureusement à cette déclaration, s’adressant à Duval, alors président de la Conférence épiscopale : "Les journaux du soir affirment que c’est avec votre aval que le Comité épiscopal des migrations vient d’engager, avec une inhabituelle violence, une guerre des mots contre le Front national et son président. (...) Je persiste à douter que vous ayez pu trouver normal, pire, que vous ayez pu laisser se répandre dans l’opinion que le président de cet étrange “comité” parlait au nom de l’Eglise catholique tout entière."

La réponse de Duval, dans La Croix, fut immédiate :
"Le texte mis en cause a été publié avec mon accord. Il reprend la position traditionnelle de l’Eglise, définie par le concile Vatican II et réaffirmée par le Catéchisme de l’Eglise catholique promulgué par Jean-Paul II. Le 23 mars 1996, peu avant le congrès du Front national à Strasbourg, les responsables catholiques et protestants d’Alsace et de Moselle dénonçaient dans leur message pascal les “mots qui tuent”. Rejoints le 27 mars par les autorités juives, ils affirmaient : “Nous avons le devoir de rappeler l’éminente dignité de la personne humaine créée à l’image de Dieu, mais aussi le devoir de la mettre en application, car elle est en opposition absolue avec toute affirmation d’une inégalité des races.”"

Louis-Marie Billé, président de la Conférence épiscopale, affirmait à nouveau, le 11 février 1997 : "Les positions du FN touchent au respect fondamental de la dignité humaine."


A lire :
- L’extême droite et l’Eglise, Xavier Ternisien, éditions Brepols.

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Frédéric MOUNIER
Publié: 08/03/1998
Les escales d'Olivier