Peut-on guérir les malades ?

En l’honneur de la fête de Saint Marc (25 avril), le passage d’évangile proposé pour la célébration de ce jour est justement la conclusion de ce récit.
Les chrétiens sont invités à aller jusqu’aux extrémités de la terre pour annoncer la Bonne Nouvelle. Jusque là ça va. Deux mille ans après ta mort Seigneur, il ne doit pas y avoir un seul petit bout de terre sur le globe terrestre où des missionnaires ne se soient pas rendus. Mais c’est le reste de ce passage qui me pose problème, car il est dit : « Voici les signes qui accompagnent ceux qui deviendront croyants en mon nom... » et il est dit que les croyants feront toutes sortes de miracles. Et la liste est longue et très détaillée …
Or, bien que fréquentant des amis croyants, ou se croyant tels, je ne les ai pas encore vus, chassant les esprits mauvais, prenant des serpents dans les mains, buvant sans inconvénient des poisons mortels, ou rendant la santé aux malades.

Je sais bien que Tu as dit à tes apôtres qu’ils n’avaient même pas un petit pois de Foi. Mais le petit pois a du grossir après Ta résurrection, car il semble que tes apôtres ont opéré, en ton nom, quelques miracles spectaculaires, en ce qui concerne le fait de rendre la santé à des personnes handicapées. Parce que le fait de poison mortel ou de serpent, je crois bien qu’il n’y a rien eu de semblable, dans les récits après la Résurrection. En fait, il nous a été rapporté que les membres du Grand Conseil ont été embêtés, en apprenant que Pierre et Jean avaient guéri, d’un seul coup, un infirme en invoquant ton nom, et ils les ont priés vertement de s’abstenir dorénavant de manifester leur foi. On sait que rendus à la liberté, les apôtres tout contents d’avoir été sanctionnés par le fouet pour leur foi, ont continué à T’annoncer « urbi et orbi ».
Je me dis que ces miracles étaient sans doute nécessaires au début de la vie de Ton Église pour asseoir sa crédibilité, mais le texte que je viens de lire, ne fait aucune discrimination. Ça a l’air d’être valable pour tous les croyants de n’importe quelle époque, valable par conséquent pour moi, pour mes amis, pour mon curé, mon évêque et même le pape.
Or les prodiges, dont il est question dans ce texte, paraissent avoir cessé. Dois-je en conclure qu’il n’y a plus de croyants sur terre ou que ces prodiges ne sont plus nécessaires, la Bonne Nouvelle ayant été révélée jusqu’aux extrémités de la terre ?

Je veux bien que tous les exemples mentionnés dans ce texte, Seigneur, doivent être tirés d’un passage de l’Ancien Testament auquel Tu te réfères (on m’a parlé notamment des psaumes) Toi-même étant oriental, comme les évangélistes d’ailleurs, Tu as une façon de T’exprimer qui n’est pas rationnelle. Je veux bien ne retenir que la possibilité de guérir les malades, mais justement il me semble que si tous les croyants avaient cette possibilité, tous ceux dont c’est le métier d’assurer ces soins, devraient se faire du mouron, le chômage serait en vue. Par contre, coté sécurité sociale ce serait la fête, le gouffre abyssal du déficit serait comblé !
Seigneur, je suis en plein délire et ne sais plus comment m’en sortir. Je dois aussi T’avouer que je serais gênée si j’avais ce pouvoir de guérir les malades. Tu dois me comprendre, car Toi-même, Tu as tout fait, pour ne pas être pris pour un magicien. Tu avais ce pouvoir de guérison, et Tu étais pris aux entrailles par la détresse de ceux que Tu rencontrais.
Mais Tu n’étais pas venu sur terre pour cela, Ta vraie mission, Ta seule mission c’était de nous faire connaître l’amour fou du Père, pour tous les humains.

Alors que conclure Seigneur ? Une fois de plus qu’il ne faut pas lire les évangiles avec le souci primordial de les faire cadrer avec mon petit esprit rationnel occidental. Ça fait plusieurs fois que je m’y laisse entraîner, et le seul avantage de ce travers, c’est que je viens de passer un bon moment avec Toi Seigneur, à raisonner en pure perte sans doute, mais avec Toi quand même. C’est déjà un avantage, Tu ne crois pas Seigneur ?

Et en plus, suis-je bête, il n’y a pas que les malades physiques à soigner, il y a toutes les insuffisances psychologiques et surtout spirituelles. Et là, je suis particulièrement bien placée pour reconnaître combien j’ai été puissamment aidée par d’autres croyants dans mon cheminement vers Toi Seigneur. Bref, je dois admettre que ce passage de St. Marc est vrai, comme tous les autres. C’est vraiment parole d’évangile. Merci Seigneur.

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Françoise REYNÈS

Laïque mariste († 2011).

Publié: 01/04/2013