Le rôle actif irremplaçable des laïcs dans le projet de Dieu

L’autre jour, à ma paroisse, lors d’une messe matinale, il y a eu un petit incident, qui m’a fait d’abord sourire et puis ensuite m’a fait réfléchir. Le célébrant, au moment de l’offertoire, s’est rendu compte qu’il avait oublié de mettre du vin dans le calice. Il y avait bien de l’eau, dans la petite burette, mais pas de vin. Il a fait signe à une paroissienne très au courant des objets de la sacristie, qui est partie pour réparer cette omission. Et pendant ces quelques minutes d’absence, « je me suis pensé », comme on dit dans le Midi, que sans le travail des hommes, Dieu se voulait impuissant, c’est tout au moins ainsi qu’il l’a organisé.

Jusqu’ici je savais bien que nombre de théologiens, de mystiques, de clercs, avaient attiré mon attention sur le fait que Dieu veut nous associer à son œuvre. C’était même présenté, parfois, d’une façon très imagée puisqu’on disait qu’on était : les yeux, les jambes, la voix de Dieu. Mais comme Dieu est tout puissant, je savais qu’il pouvait parfaitement se passer de nous en général et de moi en particulier, et que, de plus, si c’était lui qui œuvrait ce serait beaucoup mieux que si c’était moi. Aussi j’avais un peu de mal à me sentir utile, voire nécessaire à son projet. Là, en attendant que le vin soit apporté, j’ai bien pris conscience « que le fruit de la terre, sans le travail des hommes » comme dit la liturgie, était insuffisant. C’était très parlant.

Il faut dire aussi que, pendant cette célébration, on avait lu un passage des Actes des Apôtres () où il est raconté les débuts de l’organisation de l’Eglise. Il y avait, paraît-il, un problème au sujet de la distribution des secours qui ne se faisait pas en toute justice, selon certains. Illico, les apôtres ont convoqué tous les disciples (c’est-à-dire, je pense, tous ceux qui se déclaraient favorables à Jésus) et ils ont proposé une solution qui a été acceptée par tous.

Je relève le verbe proposer, qui implique que l’assemblée restait libre de discuter et même de refuser…

Mais cette proposition était pleine de bon sens, et je comprends qu’elle ait été acceptée. Suivant les tâches à remplir, on devait s’adresser aux Apôtres qui se réservaient le service de la Parole, et on confiait à des frères, choisis par les disciples, je souligne des frères choisis par les disciples, le soin de distribuer les secours. Ces personnes étaient ensuite présentées aux Apôtres qui officialisaient leur mission.

Il y a là, une façon d’organiser la marche de l’Eglise qui m’a ravie, et qui va bien, me semble-t-il dans l’esprit de Vatican II qui a rappelé le rôle actif de tous les laïcs, du fait de leur baptême, laïcs que la hiérarchie ecclésiale avait confinés, pendant des lustres à un devoir de stricte obéissance. Cela allait bien aussi, me semble-t-il, dans le même sens que mes réflexions sur l’oubli du vin…

Vraiment, Seigneur, il y a des jours, où en tant que laïque, je me sens bien en Eglise. C’est attendrissant et drôlement motivant, ton souci de nous associer à ton œuvre. Ainsi ce nécessaire travail de collaboration avec Dieu a pris pour moi, du poids et de l’épaisseur. Deo Gratias ! J’en avais besoin !

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Françoise REYNÈS

Laïque mariste († 2011).

Publié: 01/12/2013