Dis seulement une parole

Seigneur, je viens de relire l’histoire du centurion de Capharnaüm qui t’implore en faveur de son serviteur malade en te disant : « Dis seulement UNE parole, et il sera guéri. »

Cette phrase, je la dis chaque fois que je participe à une eucharistie, avant d’aller communier, et je ne suis toujours pas totalement guérie. Est ce normal ?
Car il est certain que cette parole, Toi, Tu la dis. Tu ne vas pas chipoter pour une seule parole ! Qu’est-ce qui fait que cette parole est si peu ou tout au moins pas totalement efficace pour moi ? Qu’est-ce qui m’empêche d’en profiter pleinement ?

Je rererelis le texte, et je fais le point :

  • Ce militaire a un problème lancinant et il va trouver Jésus. Bonne initiative. Je sais en faire autant.
  • Il est très attiré par la religion juive. Moi aussi, c’est effectivement la question religieuse qui est ma principale préoccupation dans ma vie.
  • Il se montre généreux. Je le suis également dans certaines limites, en privilégiant les associations caritatives qui respectent les valeurs chrétiennes.
  • Il est très délicat vis à vis de toi, Jésus, en respectant les principes de ta religion qui n’autorise pas un Juif à pénétrer dans la maison d’un non Juif. Comme tu es ressuscité, je pense que cette délicatesse n’a plus de mise. Tu peux tout entendre, tout faire. Je ne m’y attarde pas.
  • Il est humble : « Je ne suis pas digne », dit-il. J’en suis moi aussi intimement persuadée, pas de problème.
  • Il s’appuie sur sa vie de tous les jours pour se faire comprendre de toi. Il est militaire, gradé, et quand il donne des ordres il est obéi. Il a l’expérience des paroles efficaces. Là non plus je ne vois pas de différence entre lui et moi, c’est évident ; on est tous très conditionnés par notre environnement : l’époque, le pays, l’éducation reçue. Mais ça, tu le sais, Seigneur, et tu en tiens compte puisque tu es juste. Ça ne m’inquiète donc pas.
  • Il a une confiance totale en toi. Ce qu’il te demande, tu peux le faire. Il n’a aucun doute sur ta puissance, je sais également que tu es tout puissant. Intellectuellement ça ne fait pas un pli. Mais sur le plan pratique... il m’arrive souvent de renoncer à formuler des demandes précises pour ne pas être trop déçue au cas où elles ne seraient pas agréées, sachant bien que toi seul sais vraiment ce qui est bon pour moi.
  • Enfin, et c’est le plus important, il a foi en toi. Et cette foi est très forte. Tu n’en as pas trouvée de semblable en Israël, et là je me sens en manque. Mais je me demande, ai-je envie d’avoir une foi forte ? Pas si sûr que ça, hélas !

Seigneur, aide-moi à ne pas me contenter du quart, voire du huitième de la moitié d’un petit pois de foi par peur de ce que tu pourrais me demander, si je te faisais totalement confiance, en m’abandonnant dans tes bras. Pourtant ça n’a pas l’air compliqué de te demander une seule parole, et ce serait merveilleux si j’y arrivais.

Alors, comme disent certains de tes liturgistes, Seigneur, donne-moi plus que je n’ose demander. Amen.

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Françoise REYNÈS

Laïque mariste († 2011).

Publié: 01/09/2018