Pourquoi les prêtres sont-ils amenés à changer de paroisse tous les 6 ans ? On a à peine le temps de faire connaissance, qu’ils sont déjà nommés ailleurs !...

Pendant longtemps, surtout dans les campagnes, on a connu des curés quasi inamovibles. Le Droit de l’Eglise leur avait, en effet, donné tellement d’importance que même l’évêque ne pouvait plus les déplacer, une fois qu’il les avait nommés.
Cela avait, comme vous l’avez bien perçu, un certain nombre d’avantages, notamment pour l’accompagnement pastoral des familles dans le temps, un même curé pouvant, après avoir célébré le mariage d’un couple, célébrer quelques années plus tard celui de ses enfants, voire même de ses petits-enfants ! Mais cela avait aussi de sérieux inconvénients… que ceux qui ont du mal à s’entendre avec leur curé peuvent aisément deviner, le risque principal étant, bien sûr, une sclérose de la vie paroissiale.
Pour éviter ces écueils, certaines conférences épiscopales ont usé de la possibilité qui était la leur en limitant dans le temps la mission des curés. En France, la durée est de 6 ans, éventuellement prorogeable.

Il est normal que vous ayez un peu de peine de voir partir un prêtre auquel vous vous étiez attaché… et c’est plutôt bon signe quant à son ministère ! Mais il serait quelque peu égoïste de la part d’une communauté de vouloir se le garder pour elle, et pas très sain de refuser les occasions de renouvellement que sont ces changements de nomination ou d’affectation pour les communautés et pour les prêtres eux-mêmes.
L’Eglise n’est pas une administration avec des fonctionnaires qui formuleraient des vœux pour la suite de leur carrière. Dans la spiritualité du prêtre diocésain, il y a cet envoi vers une communauté qu’il n’a pas choisie et qui ne l’a pas choisi. C’est pour lui souvent l’occasion d’accueillir un appel de l’Esprit Saint et de retrouver l’itinérance du ministère apostolique, telle qu’elle semble avoir été vécue aux premiers temps de l’Eglise.
Relativisons également ces changements : d’une part en effet le prêtre diocésain, sauf exception, ne part jamais très loin (puisqu’il est lié à un évêque et fait partie d’un presbyterium) et vous aurez donc l’occasion de le revoir lors de tous les rassemblements diocésains ; d’autre part, rien ne vous empêche de garder un minimum de liens d’amitié avec lui, à condition bien sûr d’accueillir loyalement et avec bienveillance son successeur, sans déserter votre paroisse sous prétexte que l’actuel curé vous est moins sympathique que le précédent !

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André KÉRYGME

Curé de Port Saint Nicolas

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Publié: 01/10/2009