Geneviève de Paris

Qui aurait pu penser que la sainte de notre calendrier provoquerait des agacements chez certains, plus de quinze cents ans après sa mort ! Tout cela, parce qu’au jour de sa fête, le 7 janvier, une messe était célébrée à la cathédrale avec la Gendarmerie Nationale dont elle est la patronne. Faut-il voir là une offensive des réseaux laïques qui s’insurgent contre ce qui leur apparaît comme une violation des règles de la laïcité ?

Ces temps-ci, il est vrai, qu’ici ou là, tout particulièrement dans les instances ministérielles, il y a des passes d’armes entre ceux qui prônent un laïcisme intégriste, qui n’a rien à voir avec l’esprit de la loi de 1905 (loi de séparation de l’Église et de l’État), et ceux qui défendent une laïcité ouverte, à savoir un "échange interreligieux qui contribue à la paix" dit Jean-Louis Bianco, président de l’Observatoire de la laïcité. Plutôt que de revenir sur ces combats qui paraissent d’arrière-garde, n’y aurait-il pas d’autres causes à défendre, non seulement en France mais aussi dans le monde ?

Concernant le patronage de la Gendarmerie par sainte Geneviève, un peu d’histoire est nécessaire. Décédée à Paris en 512, Geneviève a fait de nombreux miracles tant de son vivant qu’après sa mort. « En 1130, le fléau de la maladie dite “des Ardents”, provoquée par l’ergot de seigle, fit 14 000 morts à Paris. L’évêque de l’époque ordonna sans succès jeûnes et processions. Il finit par obtenir la descente de la châsse de sainte Geneviève que l’on amena à Notre-Dame de Paris. Sur le parvis, sur cent trois malades ayant effleuré la châsse, cent furent guéris sur le champ, sauf trois incrédules, devant une foule nombreuse venue participer à la procession. » (Wikipédia)

Nous sommes héritiers de cette tradition chrétienne. Depuis lors, la réflexion théologique a ouvert d’autres horizons, et il serait vain de juger les pratiques du passé à la lumière de ce que les chrétiens croient actuellement. On peut toutefois noter un élément constant : la présence des incrédules. Hier ils ont refusé d’effleurer la châsse, aujourd’hui ils s’insurgent contre le patronage de la Gendarmerie par une grande figure de l’Église.

En ce 21e siècle, des courants veulent que les croyants ne vivent leur foi que dans un strict espace privé de plus en plus réduit, voire même caché. Pourquoi oublier le témoignage que nous laisse Geneviève, patronne également de Paris ? Au temps des derniers soubresauts de l’empire romain en Europe et l’établissement de la monarchie franque (d’où sortit la patrie française), elle incita les Parisiens à ne pas s’exiler et à résister à Attila qui, grâce à elle, connut sa défaite aux portes de Paris.

Célébrer la fête de sainte Geneviève, c’est reconnaître une femme croyante qui a tout fait pour la guérison des malades et la libération de toute une ville !

Une faute d'orthographe, une erreur, un problème ?   
 
Michel AMALRIC

Prêtre du diocèse d’Albi, chargé de la communication.

Publié: 01/01/2017