La Visitation, d’Arcabas

Extrait du polyptique « L’enfance du Christ », ensemble de 11 toiles réalisées entre 1995 et 1997 ; visible au palais archiépiscopal de Malines-Bruxelles.

En ces jours-là Marie partit et se rendit en hâte dans une ville de la montagne de Judée. ()

Hâte ! hâte de partager une nouvelle, une bonne nouvelle.
Joie ! joie plus grande encore quand deux bonnes nouvelles se rencontrent.

Marie, vêtue de terre et de ciel, car elle porte en elle un peu du ciel, tend les bras vers sa cousine Elisabeth. Accolade fraternelle, joyeuse, profonde devant le mystère de la vie qui naît, voulue par Dieu.

Les deux femmes semblent danser. Marie semble plus légère, plus souple, peut-être parce qu’elle est plus jeune. Peut-être parce qu’elle est complètement accueillante au don de Dieu, et qu’elle danse parfaitement au rythme de son amour, comme Madeleine Delbrêl l’écrit :

Pour être un bon danseur, avec vous (Seigneur) comme ailleurs, il ne faut pas savoir où cela mène. 
Il faut suivre, être allègre, être léger, et surtout ne pas être raide. 
Il ne faut pas vous demander d’explications sur les pas qu’il vous plaît de faire. 
Il faut être comme un prolongement, agile et vivant de vous.

Zacharie n’a pas quitté la maison. Il se tient dans l’ombre de la porte, la bouche close. L’Evangile rapporte que c’est à cause de la vision qu’il eut au Temple. Pourtant, être muet n’empêche pas de danser. Mais pour danser, il faut sortir, il faut rencontrer d’autres, quitter la sécurité ou la peur de l’inconnu, choisir de se dessaisir pour danser au pas d’autres que soi. Zacharie se tient sur le seuil. Un pas de plus et il quittera l’ombre pour la pleine lumière. Un pas de plus et il goûtera pleinement à la danse joyeuse des deux femmes.

Oui, tout se joue dehors, entre Marie et Elisabeth qui dansent, avec grâce ou maladresse, qu’importe. Elles ont vibré à l’annonce de la venue de Dieu, et elles transmettent le rythme de son amour.

Leurs enfants eux-mêmes dansent de joie. Simples croix d’or déposées par l’artiste dans les seins maternels. Ils n’éviteront pas la mort, ils n’éviteront pas la croix, mais ils sont déjà promis à l’or de la gloire céleste. Déjà eux aussi en sortie, déjà eux aussi prêts à la rencontre du monde, déjà dans la hâte d’annoncer la Bonne Nouvelle du Royaume qui vient.

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Venceslas DEBLOCK

Prêtre du diocèse de Cambrai, responsable de la Commission d’art sacré.

Publié: 01/12/2022