5e dimanche

1. « Et, sortis de la synagogue de Capharnaüm, Jésus et ses disciples, Jacques et Jean, allèrent dans la maison de Simon et d’André. L’évangéliste Marc a entrepris de nous raconter une journée de la vie de Jésus. Une journée particulière consacrée à Dieu, le 7ème jour de la semaine en souvenir du 7e jour de la création pendant lequel le Seigneur se reposa, celle du shabbat. Ce jour-là il ne fallait rien « créer », arrêter les travaux des champs, suspendre les transactions commerciales. Pour ne pas devoir allumer un feu, il fallait préparer les repas la veille. Jésus n’a pas condamné le shabbat en lui-même mais les excès qu’à son époque les plus rigoristes des pharisiens imposaient en son nom. Avec les frères Jacques et Jean, Jésus s’est rendu, à son habitude, à la synagogue pour y entendre, lire et commenter les Écritures. Il faut le redire : Jésus n’a pas rompu d’un iota avec toute la tradition juive. Il en a voulu son accomplissement en même temps qu’il a dénoncé les interprétations déviantes.

2. Or, poursuit Marc, la belle-mère de Simon était au lit, elle avait une forte fièvre. Aussitôt on parla à Jésus d’elle. Et Jésus s’approcha d’elle, la prit par la main et la fit se lever. Aussitôt la fièvre la quitta et elle les servait. Guérir le jour du sabbat était interdit aux yeux des pharisiens qui le rappelleront plus tard à Jésus, lors de la guérison d’un grabataire. Pour Jésus, le shabbat passe après la nécessité de l’aide, de la bienfaisance, passe aussi par-dessus de nombreuses autres interdictions comme celle de toucher une femme. Marc ne rapporte pas de longs discours de Jésus mais ses gestes de proximité abondent dans son récit. On le voit toucher des lépreux, mettre de la boue sur les yeux de l’aveugle-né, bénir les enfants, manger à la table des réprimés. En se mettant à le servir, la belle-mère de Pierre préfigure toutes celles qui le suivront pour le servir par la suite et l’accompagneront jusqu’au pied de la croix.

3. « Et le soir venu, poursuit Marc, après le coucher du soleil, on lui amenait tous ceux qui étaient atteints d’un mal ou possédés par des démons… Il guérit beaucoup de gens atteints de toutes sortes de maladies, et il expulsa beaucoup de démons… Il parcourait toute la Galilée, proclamant l’Évangile dans leurs synagogues. » Au coucher du soleil parce que le shabbat était passé. Marc condense ici, en quelques mots, toute l’activité de Jésus. On lit dans les Actes des Apôtres qu’un centurion du nom de Corneille, très généreux envers le peuple juif, fit appeler Pierre pour qu’il lui explique un songe. Pierre eut ces mots : « Il est passé en faisant le bien. » Le centurion se fit baptiser. La Bonne Nouvelle était vraiment pour tous.

4. « Le lendemain, Jésus se leva, bien avant l’aube. Il sortit et se rendit dans un endroit désert, et là il priait. » poursuit le récit. Quel contraste. La nuit, la solitude, conditions favorables à un regard sur soi. Marc ne dit pas le contenu de la prière de Jésus. L’apôtre Jean nous permet d’en savoir plus. Il raconte qu’à ceux qui accusaient Jésus d’appeler Dieu son Père, il fut répondu : « En vérité, en vérité, je vous le dis, le Fils ne peut rien faire de lui-même, mais seulement ce qu’il voit faire au Père : car ce que fait le Père, le Fils le fait pareillement. » Jésus en prière est Jésus en dialogue avec son Père. Puis il reparti enseigner de synagogue en synagogue. Telle fut cette journée de Jésus.

5. Le récit de cette journée-type de Jésus est plus qu’un morceau de son histoire. Il contient un enseignement, celui d’un appel à nous mettre à son école. Nos synagogues s’appellent aujourd’hui églises. Depuis les premières communautés chrétiennes elles furent construites comme lieux de rassemblement pour l’écoute, la prière, la célébration du don divin. Jésus nous y invite toujours. Savons-nous leur donner tout leur sens ? Nous savons organiser des rencontres festives entre amis ou en famille. Mais savons-nous, voulons-nous faire de nos assemblées des moments de rencontre avec lui, de méditation, de ressourcement, de partage ? Cherchons-nous à emporter plus de cet esprit qui ont animé les apôtres et tant d’autres après eux ? Pour vivre dans notre présent ce que Jésus a montré dans le sien.


Méditation (Raymond Devos)

J’ai eu la chance de rencontrer Dieu juste à un moment où je doutais de lui, dans un petit village de Lozère abandonné des hommes. Il n’y avait plus personne. Et en passant devant la vieille église, poussé par je ne sais quel instinct, j’ai vu une lumière. Intense, insoutenable. C’était Dieu, Dieu qui priait. Je me suis dit : qui prie-t-il ? Il ne se prie pas lui-même. Pas lui, pas Dieu. Non, il priait l’homme, il me priait moi. Il doutait de moi comme j’avais douté de lui. Il disait : « Oh ! Homme , si tu existes, un signe de toi ! » J’ai dit : « Mon Dieu, je suis là. » Il m’a dit : « Miracle ! Une humaine apparition. » J’ai dit : « Mais Mon Dieu, comment pouvez-vous douter de l’homme, puisque c’est vous qui l’avez créé ? » Il m’a dit : « Oui, mais y’a si longtemps que je n’en ai pas vu dans mon Eglise, je me demandais si ça n’était pas une vue de l’Esprit. » Il m’a dit : « Oui, je vais pouvoir leur dire là-haut : L’homme existe, je l’ai rencontré. »

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Aloyse SCHAFF

Capitaine de Port Saint Nicolas.
Prêtre du diocèse de Metz. Fut professeur de sciences physiques et directeur du lycée Saint-Augustin à Bitche (57).
Activités pastorales dans les communautés de paroisses du Bitcherland.
Animation d’ateliers d’information et de réflexion sur les textes bibliques et l’histoire chrétienne : Pères de l’Eglise, fondateurs des grands ordres religieux, les grands papes, les grands saints du Moyen-Âge, du XVIe siècle. Des présentations à découvrir sur le site.

Publié: 04/02/2024