Mosaïque du Christ Apollon

Nécropole vaticane, mausolée des Julii, 3e siècle

Depuis des siècles, sous la basilique Saint-Pierre du Vatican, sommeille une ville des morts.

Sa redécouverte nous plonge au cœur d’une multiplicité de croyances et de rites. Ceux qui accompagnaient la mort. De tombeau en tombeau, fresques, sculptures, inscriptions témoignent des croyances des Romains au début de notre ère. Les divinités familiales côtoient celles de la mythologie classique ou encore celles des cultes à mystère comme Isis ou Mithra. Et bien sûr, parmi tant de cultes, anciens ou nouveaux, la foi chrétienne vient au jour.

Au détour d’une ruelle, tout près de la tombe de Pierre, nous voici face à une mosaïque étonnante. A première vue, il s’agit d’Apollon, sur son char. Apollon, le dieu beau, le dieu solaire, Apollon qui parcourt le ciel en une journée, embrasant la création de sa lumière, disparaissant chaque soir dans les eaux de la mer pour renaître chaque matin.

Finalement, le motif est bien typique du IIIe siècle : Rome est alors séduite par une nouvelle expression religieuse, celle du Sol invictus, le soleil toujours triomphant.

Cet Apollon toujours vainqueur, et plus étrangement associé à la vigne, attribut de Bacchus, connu pour ses ivresses mais aussi symbole d’immortalité.

Le langage de cette œuvre est bien celui de son époque. Langage culturel, religieux et même artistique.

Mais pourtant, un détail intrigue : ce visage nimbé et rayonnant. Voilà qui est nouveau, et nous oblige à voir en cet Apollon solaire, le Christ, ainsi que le suggèrent les décors environnants.

Christ paré de tous les attributs des divinités auxquelles il emprunte son image : voici le vrai Dieu beau, le vrai soleil levant, celui qui embrase le monde, de l’Orient à l’Occident, de l’alpha à l’oméga.

Christ est notre lumière, notre soleil levant !
En lui, la source de la vie éternelle.

Voici une des toutes premières figurations chrétiennes conservées. Destinée à dire la foi au Christ aux Romains pétris de mythologies. L’artiste a choisi le code commun, la culture commune comme langage.

Puissions-nous assez connaître les cultures contemporaines pour y exprimer le Christ, unique Soleil de vie.

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Venceslas DEBLOCK

Prêtre du diocèse de Cambrai, responsable de la Commission d’art sacré.

Publié: 01/01/2024