Le sac volé

Un jour, vers midi, Jeanne se rend en voiture au cimetière de campagne, là où son mari a été enterré, il y a quelques années. Au moment de repartir, elle découvre que la vitre avant de sa Peugeot a été brisée et que son sac à main avec tous ses papiers a disparu. Sur le chemin du retour, elle pense soudain aux deux hommes qui l’ont saluée depuis leur camionnette. C’était peut-être les voleurs !

Ce fait ressemble à beaucoup d’autres qui sont l’objet de déclarations de vol à la gendarmerie. Mais voilà que pour Jeanne, cette déconvenue va prendre une tout autre tournure. Depuis plus de quatre ans, après la mort du papa, un fils et une fille s’étaient fâchés. Cette dernière et son mari en souffraient beaucoup. De multiples tentatives pour renouer les contacts avaient échoué. Des lettres, à l’occasion d’anniversaires ou de fêtes, étaient restées sans réponse.

Ce vol affecte la maman âgée. Sans se concerter, le fils et la fille décident de l’aider à faire les démarches nécessaires. Prenant acte de cette situation et de la nécessité de coordonner leur action, la fille prend contact avec son frère par téléphone. « Entendons-nous pour aider maman ! » Avec ces premiers mots échangés la relation est renouée. Depuis, le fils a lancé une invitation pour passer ensemble un week-end chez lui. Temps fort que ces retrouvailles : de l’émotion, des échanges en toute simplicité, sans avoir besoin de revenir sur des justifications mal venues. Cela réjouit la maman. Comme s’il avait fallu qu’on lui vole son sac pour vivre ces changements familiaux !

On dit communément, tout en prenant ce dicton au sens propre et au sens figuré, que « tout pépin peut devenir semence ». Il semble que cet événement le prouve et réconforte ceux et celles qui connaissent des épreuves, des échecs apparemment sans issue. Est-ce que nous portons suffisamment attention à ce que peut signifier une parole, un geste, un courrier ou un mail qui peuvent tout aussi bien provoquer un différend que débloquer une situation ?

La fille réconciliée et son mari se sentaient d’autant plus désireux de paix familiale qu’ils font partie d’une équipe de chrétiens lecteurs de l’évangile où le pardon est au cœur du message. Est-ce que nous portons en nous cette espérance et ce courage pour entreprendre un nouveau départ ?

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Michel AMALRIC

Prêtre du diocèse d’Albi, chargé de la communication.

Publié: 01/09/2016