Peut-on écouter des textes et des musiques profanes pendant la célébration des obsèques ?

Il est de plus en plus fréquent que les proches du défunt veuillent personnaliser la célébration en lisant tel ou tel poème, voire en faisant écouter par exemple "une chanson qu’il aimait beaucoup". Ils y sont parfois d’ailleurs encouragés par les chrétiens qu’ils ont rencontrés à l’accueil paroissial. Sans doute faut-il se montrer bienveillant à l’égard de telles demandes qui peuvent donner un peu de "chair" et d’humanité à la prière, d’autant que les familles en plein désarroi par la mort d’un proche ne sont pas en état d’entendre les arguments qui pourraient être opposés à leurs demandes et vivraient très mal un éventuel refus.

Ceci dit, la diversité croissante de ces demandes oblige tout de même les chrétiens en charge de la préparation des obsèques à un minimum de discernement...

La douleur ne donne pas tous les droits et la famille dans la peine ne peut pas imposer, par exemple, un éloge funèbre qui ressemblerait trop à un règlement de comptes entre héritiers, ou tel ou tel texte qui par son contenu heurterait le sens chrétien ou contredirait le message d’espérance contenu dans la célébration des obsèques. Pourquoi d’ailleurs aller chercher des textes "profanes" - dont certains sont faussement attribués à saint Augustin ou Charles Péguy ! - quand le lectionnaire des obsèques nous offre tant de belles et fortes pages de la Bible ? Il semble important, dans tous les cas, qu’aucun de ces textes ne soit mis sur le même plan que la Parole de Dieu.

Quant aux musiques, là encore, il faudra aider la famille, avec le plus de délicatesse possible, à sentir ce qui convient pour ce temps de prière à l’église, quitte à lui suggérer de réserver pour un autre moment et un autre lieu l’écoute de telle ou telle chanson chargée de souvenirs. Le meilleur service que les chrétiens en charge des obsèques religieuses peuvent rendre à une famille endeuillée n’est-il pas, en effet, de l’aider à entrer dans le mouvement de la prière à l’église, qui n’est pas une célébration du défunt (toute centrée sur ses goûts et les souvenirs qu’il nous laisse), mais une célébration du Christ Ressuscité qui, seul, ouvre un avenir à celui qu’elle a aimé ici-bas ?

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André KÉRYGME

Curé de Port Saint Nicolas

Publié: 01/02/2023