La fuite en Égypte

Mise en garde
Ces textes sont « apocryphes », c’est à dire ils ne font pas partie de la Bible et ne constituent en aucun cas la « Parole de Dieu ». Ce sont des récits imaginaires et sans aucun fondement historique. La plupart ont été écrits longtemps après les événements. Et même si certains personnages uniquement présents dans les textes apocryphes sont aujourd’hui vénérés par les catholiques comme des saints (p. ex. les parents de Marie), ces textes ne font pas partie de la foi chrétienne.

Les lions et les léopards l’adoraient et les accompagnaient dans le désert ; partout où Marie et Joseph allaient, ils les précédaient, montrant la route, et, inclinant la tête, ils adoraient Jésus. Mais le premier jour où Marie vit des lions autour d’elle et toutes sortes de fauves, elle eut une grande frayeur. Mais l’enfant Jésus, la regardant le visage tout éclairé de joie, lui dit : « Ne craignez pas, mère ; car ce n’est point pour vous faire du mal, mais pour vous servir qu’ils s’empressent autour de vous. » Et, par ces paroles, il dissipa toute frayeur de leur cœur.

Les lions faisaient route avec eux, et avec les bœufs, les ânes et les bêtes de somme qui portaient leurs bagages, et ils ne leur faisaient aucun mal ; mais ils étaient pleins de douceur parmi les brebis et les béliers, que Joseph avait amenés de Judée, et même ils les gardaient avec lui. Et ceux-ci marchaient au milieu des loups, et ils ne craignaient rien et nul n’éprouvait de mal. Ainsi s’accomplit ce qui avait été dit par le prophète [Isaie] : « Les loups paîtront avec les agneaux, le lion et le bœuf mangeront ensemble du fourrage. »

Car il y avait deux bœufs et un chariot pour transporter les objets usuels et c’étaient les lions qui les gardaient sur leur route.

Or, il advint que le troisième jour de leur déplacement, Marie se trouva fatiguée par l’ardeur du soleil dans le désert. Apercevant un palmier, elle dit à Joseph : « Je me reposerai un peu sous son ombre. » Joseph s’empressa de la conduire auprès du palmier et la fit descendre de l’ânesse. Quand Marie fut assise, elle regarda vers la cime du palmier et la vit chargée de fruits. « Je voudrais, s’il est possible, dit-elle à Joseph, goûter des fruits de ce palmier. » Joseph lui répondit : « Je m’étonne que tu parles ainsi ; tu vois à quelle hauteur sont les palmes, et tu te proposes de manger de leurs fruits ! Quant à moi, c’est bien davantage le manque d’eau qui m’intéresse, car il n’y en a plus dans nos outres, et nous n’avons pas de quoi nous abreuver, nous et nos montures. »

Alors le petit enfant Jésus, qui reposait calmement sur le sein de sa mère, dit au palmier : « Penche-toi, arbre, et nourris ma mère de tes fruits ! » Et obéissant à ces mots, le palmier inclina aussitôt sa cime jusqu’aux pieds de Marie, pour qu’on y cueillît des fruits dont tous se rassasièrent. Quand tous les fruits eurent été cueillis, l’arbre demeurait incliné, attendant l’ordre de celui qui lui avait commandé de s’incliner. Alors Jésus lui dit : « Redresse-toi, palmier, reprends ta force ! Tu partageras désormais le sort de mes arbres qui sont au paradis de mon Père. Ouvre de tes racines la source cachée au fond de la terre et que des eaux en jaillissent pour notre soif ! » Aussitôt le palmier se redressa, et d’entre ses racines se mirent à jaillir des sources d’eaux très limpides, très fraîches et très douces. Et, voyant ces sources, ils furent pleins d’une grande joie, ils se désaltérèrent, eux, leurs gens et toutes leurs bêtes, et ils rendirent grâce à Dieu.

Évangile du Pseudo-Matthieu, 19-20
Rédigé au 6e siècle après J.C.

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Publié: 01/12/2023