32e dimanche ordinaire

1. La parabole est assez déconcertante et même gênante. Les cinq jeunes filles prévoyantes refusent de partager leur réserve d’huile avec celles qui en manquent. Alors que tout l’évangile prône le partage. Aucune miséricorde non plus de la part de cet époux qui leur refuse l’entrée à la noce, alors que la parabole de l’enfant prodigue nous montre un père, d’abord inquiet, guetter à l’horizon le retour de son enfant et lui faire grande fête ensuite. Alors qu’a voulu nous signifier Jésus dans cette parabole ?

2. La jeune Eglise chrétienne des années 50 était dans l’attente du retour imminent de Jésus et de son Royaume. Les disciples et les premiers chrétiens ne voyaient de royaume que celui qu’ils avaient sous les yeux, celui du roi Hérode, un royaume de domination et de crainte. Ils attendaient de Jésus qu’il le remplace par son modèle à lui, un royaume dans lequel il ferait bon vivre. Ils l’ont encore interrogé à ce sujet dans les derniers jours passés avec lui : « Seigneur, est-ce maintenant le temps où tu vas rétablir le Royaume pour Israël ? » Mais, le temps passant sans voir rien arriver, il fallut accepter de prendre patience comme Paul le conseille aux chrétiens de Thessalonique en l’an 51 : « Au sujet de la venue de notre Seigneur Jésus Christ et de notre rassemblement auprès de lui, nous vous le demandons, frères : n’allez pas trop vite perdre la tête ni vous effrayer à cause d’une révélation prophétique, d’un propos ou d’une lettre présentés comme venant de nous, et qui vous feraient croire que le jour du Seigneur est arrivé. » La parabole entend donner un enseignement pour ce temps d’attente. Les cinq jeunes filles prévoyantes ne doutent pas de la venue de l’époux et, prévoyant un retard, emportent avec elles de l’huile pour rallumer leurs lampes. Au contraire des cinq autres qui n’y croyaient plus.

3. La persévérance dans l’espérance est au cœur de l’enseignement évangélique. Ce thème revient 22 fois sous la plume de Paul qui a subi beaucoup d’épreuves sans perdre de vue sa mission. Il appelle les chrétiens de Corinthe à l’imiter : « Nous nous recommandons nous-mêmes en tout comme ministres de Dieu par une grande persévérance dans les détresses, les contraintes, les angoisses. » Personne ne peut se dire à l’abri des épreuves. Personnelles comme celles de santé, des échecs, des conflits, des abus de toute nature. Ou collectives comme celles que génèrent la violence, l’indifférence. Une question revient souvent : « Pourquoi Dieu n’intervient-il pas ? » La seule réponse qu’on puisse apporter tient en quelques mots : « Regardez la Croix et posez-vous la question : « Pourquoi Lui ? » Alors nous chancellerons moins et pourrons admettre que « L’arbre devient solide sous le vent », comme l’écrivait le philosophe romain Sénèque, qui vécut à la même époque que Jésus. « Restez en tenue de service, gardez vos lampes allumées… Heureux les serviteurs que le maître trouvera à son arrivée en train de veiller. » Il faut se rappeler ce que disait Martin Luther : « Même si je savais certainement que le monde se terminerait demain, je planterais un pommier aujourd’hui. »

4. Le 11 novembre, nous voulons nous souvenir de tous ceux qui ont combattu, à leurs corps défendant, et sont tombés dans les champs de l’Artois, de la Somme, de la Marne, des Ardennes. N’oublions pas ceux qui en sont revenus handicapés, traumatisés. Le devoir de défendre ces terres et toute la patrie fut le motif de leur engagement. La réussite, nous la devons à leur persévérance mais ils ne purent l’obtenir qu’ensemble. C’est une leçon pour notre aujourd’hui. Chacun de nous est passé, passe ou passera par des temps d’épreuves. C’est alors qu’il ne faut pas rester seul. Choisir la solitude dans l’épreuve, ignorer celle d’à côté de moi, c’est déjà commencer de mourir, de faire mourir. La persévérance a besoin de la solidarité et la solidarité fera partager l’espérance.


11 Novembre

De tout leurs corps ils ont embrassé la terre,
Ceux que les mitrailles avaient couchés
Après bien des nuits de noire misère,
Loin de ceux qu’ils avaient tant aimés.

Ils ont été braves, ces petits soldats
Qui n’avaient pas choisi ce trépas
Pour tous les grands va-t-en-guerre
Qui ne veulent que mettre par terre.

On leur a fait des stèles funéraires
Avec leurs noms creusés dans la pierre
Pour que l’oubli ne les ensevelissent
A nouveau dans notre ingrate mémoire.

Seigneur,
Fais-nous avancer en première ligne
En hommes de paix qui se battent
D’abord contre ces rivalités assassines
Qui creusent et minent notre propre sape.

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Aloyse SCHAFF

Capitaine de Port Saint Nicolas.
Prêtre du diocèse de Metz. Fut professeur de sciences physiques et directeur du lycée Saint-Augustin à Bitche (57).
Activités pastorales dans les communautés de paroisses du Bitcherland.
Animation d’ateliers d’information et de réflexion sur les textes bibliques et l’histoire chrétienne : Pères de l’Eglise, fondateurs des grands ordres religieux, les grands papes, les grands saints du Moyen-Âge, du XVIe siècle. Des présentations à découvrir sur le site.

Publié: 12/11/2023