Dans ma paroisse, il y a des crispations autour de la liturgie. Comment les éviter ?

Que la préparation d’une liturgie puisse être un lieu de tensions, cela n’est pas très surprenant. Chacun s’y engage avec son histoire personnelle, parfois la nostalgie de son enfance, mais aussi avec un certain sens du sacré et du rapport de l’Eglise au monde. Derrière la liturgie, il y a souvent de grands enjeux qui ont vite fait de susciter des débats passionnés. On l’a bien constaté avec la crise intégriste : la fixation sur le latin et la liturgie préconciliaire n’était que l’arbre qui cachait la forêt. Plus que la réforme liturgique, ce qui était refusé, c’était les grandes affirmations du Concile en faveur de la liberté religieuse, du dialogue œcuménique et interreligieux.

Il est bon d’en avoir conscience pour être en mesure de placer le débat - si débat il doit y avoir - sur son vrai terrain.
Parfois un peu de recul historique permet de relativiser telle ou telle affirmation péremptoire et de comprendre telle ou telle évolution susceptible de faire problème. Un ouvrage comme celui du P. Jean-Noël BEZANÇON ("La messe de tout le monde, sans secret, ni sacré, ni ségrégation" Paris, Cerf, 2009) ou un dossier comme La-messe-toute-une-histoire ou encore Trilogie-historique-messe peuvent nous y aider.

Concrètement, en cas de désaccord sur ce qu’il convient de faire ou de ne pas faire dans le cadre d’une célébration, chacun des acteurs de la liturgie aura intérêt à se reporter à ce qui tient lieu de règle en matière liturgique, à savoir la Présentation Générale du Missel Romain (PGMR) publiée aux éditions Desclée et Mame sous le titre : "L’art de célébrer la messe". Ce document devrait d’ailleurs se trouver dans toutes les sacristies et être à la disposition de toutes les équipes liturgiques.
À condition d’être utilisé intelligemment - il y aura toujours, malheureusement, des "obsédés textuels" pour vérifier que le célébrant ait bien fait le nombre de génuflexions réglementaires ! - , il permet en effet de retrouver le sens des divers usages ou prescriptions liturgiques et protège la communauté de l’arbitraire de tous ceux - prêtres, diacres, religieux ou laïcs - qui auraient tendance à imposer leurs vues personnelles dans la manière de célébrer la messe.

En cas de désaccord persistant ou d’incompréhension, pourquoi les uns et les autres ne bénéficieraient-ils pas d’un éclairage extérieur autorisé ? Il existe dans tous les diocèses un service de Pastorale liturgique et sacramentelle, ainsi que des formations liturgiques qui sont généralement de qualité.

Rappelons-nous aussi que la dimension esthétique est très importante en liturgie et chacun sait que les goûts et les couleurs, ça ne se discute pas vraiment. Il convient donc, pour les questions de détail, que chacun conserve un peu d’humour et admette des sensibilités différentes de la sienne pour la prière commune.

Enfin, n’excluons pas non plus les jalousies, rivalités et enjeux de pouvoirs qui peuvent, hélas, affleurer parfois dans des préparations liturgiques. Il faut alors rappeler que dans l’Église nul n’est propriétaire de la mission qu’il a reçue pour un temps, qu’il faut savoir parfois s’effacer pour laisser la place aux autres et permettre un certain renouvellement, et que, chez les disciples de Jésus, celui qui veut être le chef doit se faire serviteur.

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André KÉRYGME

Curé de Port Saint Nicolas

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Publié: 01/05/2011