Converser ou convertir ?

Lors d’une journée de réflexion organisée par le Mouvement chrétien des retraités (MCR), le thème retenu portait sur la gestion des conflits.

Que ce soit en famille, dans le voisinage ou dans des groupes d’échange il y a des conflits qui interrogent. Mais n’est-ce pas trop rapide de désigner par “conflit” ce qui ne serait parfois que l’expression de différences ? Nos difficultés relationnelles seraient le signe révélateur de la fragilité de nos convictions et de nos valeurs, tout autant que de la difficulté, ou même de l’incapacité, à échanger et à débattre. Ne rentre pas nécessairement en conflit avec moi celui qui, par sa vision du monde, s’affirme différent de moi. Au contraire, s’exercer à vivre cette différence, n’est-ce pas un moyen d’approfondir ses convictions et de les vérifier ?

« Conservons l’idée qu’il convient de converser sans nécessairement vouloir convertir. » L’invitation, transmise par un ami, clarifie cette problématique contemporaine. “Converser” c’est s’entretenir avec, causer, s’expliquer… tout simplement parler, écouter, échanger. Quoi de plus fondamental que tout cela ? Aurions-nous perdu la parole, dans cette société si bruyante ? Ne saurions-nous plus avoir une conversation ? Aurions-nous peur d’échanger, au risque de changer ?

Tout cela révèle une certaine pauvreté du temps présent où nous ne recherchons plus trop des moments de réflexion personnelle qui seraient des moments privilégiés de conversation avec nous-mêmes, nous permettant de construire notre être profond et d’assurer nos valeurs. Si nous n’accueillons pas nos émotions, si nous ne laissons pas résonner ce que nous avons reçu des autres, comment peuvent se fonder nos propres convictions ? Toujours soumis à la pression de la rue et de l’opinion publique, nous négligeons notre intimité.

C’est ainsi que notre propre fragilité peut être la source de ce que nous nommons “conflit” : mal assurés en nous-mêmes, nous percevons les autres comme des agresseurs. Pour grandir en humanité, nous devons donner du prix à la conversation, au débat, à la lecture, qui sont source d’enrichissements. Alors, nous prendrons mieux conscience, dans la rencontre avec l’autre, de ce que nous sommes tout en reconnaissant que, lui aussi, a besoin de grandir. Pourquoi avoir peur de l’échange qui, dans ces conditions, ne sera jamais une entreprise de démolition réciproque ? L’heure est bien venue de « Conserver l’idée qu’il convient de converser sans nécessairement vouloir convertir ! »

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Michel AMALRIC

Prêtre du diocèse d’Albi, chargé de la communication.

Publié: 01/05/2023