La création du monde

Chapitre 2 du Guide de Lecture proposé à la fin du Catéchisme de l’Eglise catholique (pp. 760-762) dans son édition française de 1998.

Au regard de la science qui tente d’expliquer les origines du monde, la doctrine d’un Dieu créateur a-t-elle encore quelque chance d’être reçue ? Le croyant qui l’accepte se met-il en contradiction ou en marge de tout l’effort scientifique pour expliquer l’origine du monde ?

Le CEC n’ignore pas l’objection. Le problème des origines du cosmos trace une ligne de démarcation entre la pensée scientifique et celle du croyant. La première interroge sur le comment des origines ; pour certains, elle en conclut que le monde a pu se faire tout seul. Tout autre, la pensée croyante, commune à toutes les grandes religions, reconnaît un Dieu créateur de l’univers. La foi chrétienne respecte la recherche scientifique dans l’explication qu’elle estime pouvoir donner du processus de l’apparition du cosmos dans le temps. Elle va plus loin : dans la naissance de l’univers, la foi voit et célèbre l’oeuvre de Dieu créateur qui, dans son altérité absolue, révèle son mystère trinitaire.

Dieu a créé le monde

 Le CEC interprète la doctrine de la création comme la réponse de la foi à l’interrogation élémentaire de tous les hommes : "d’où venons-nous ?", "où allons-nous ?", deux " questions qui sont inséparables" (282). Elles ont fait l’objet d’une "quête" permanente, car la question des origines a toujours obsédé la pensée humaine qui lui a donné toutes sortes de réponses (285).
 Dans cette tentative d’explication, la science apporte son tribut. Si elle a "enrichi nos connaissances" (283) la question dépasse son "domaine propre". "Il ne s’agit pas seulement de savoir quand et comment a surgi matériellement le cosmos, ni quand l’homme est apparu, mais plutôt de découvrir quel est le sens d’une telle origine" (284).
 La foi chrétienne apporte l’éclairage qui permet de situer la question des origines à son vrai niveau. Certes, comme en témoignent la plupart des religions (28, 2566), la raison humaine peut appréhender l’existence de Dieu créateur à partir de ses œuvres (31-32, 36, 286). Mais c’est à la lumière de la Révélation, contenue dans les Ecritures (289), que le croyant adhère à la vérité de la création "avec une ferme certitude et sans mélange d’erreur" (38).
 Ce qu’il faut comprendre, c’est que la création témoigne de la souveraine puissance de Dieu, de son altérité radicale à l’égard des créatures (269).
 C’est ce qu’exprime l’expression classique : Dieu a créé le monde de rien, "n’ayant besoin de rien de préexistant ni d’aucune aide pour créer" (296-297, 338-339).
 Ce qu’il faut comprendre aussi, c’est que Dieu n’a pas créé pour rien. Le monde créé " procède de la volonté libre de Dieu qui a voulu faire participer les créatures à son être, sa sagesse et sa bonté " (293,295,341).
 Parce que le Dieu auquel nous croyons, c’est le Dieu unique en trois personnes, le Père, le Fils et l’Esprit (232-233), il faut considérer la création comme "l’oeuvre commune de la Sainte Trinité" (292,685).
 Elle est l’oeuvre du Père. En créant le monde, Il a "révélé comme le premier pas de l’alliance avec son Peuple, le premier et universel témoignage de son amour tout-puissant" (288).
 Elle est l’oeuvre du Fils, le "Verbe par qui tout a été fait" (Jn 1, 1-13). "Tout a été créé par Lui et pour Lui" (Col 1, 16-17) [291]. ç Le mystère du Christ est la lumière décisive sur le mystère de la création" (280).
 Elle est l’oeuvre de l’Esprit-Saint. C’est lui qui "donne la vie" ; Il est "l’Esprit créateur". Le Verbe et l’Esprit sont comme "les mains" du Père (292). "A l’origine de l’être et de la vie de toute créature, il y a la Parole de Dieu et le Souffle de l’Esprit" (703-704).

L’homme au sommet de la création

 L’homme est "la seule créature sur terre que Dieu a voulue pour elle-même" (356), Dieu a créé le monde "comme un don qui lui est adressé, comme un héritage qui lui est destiné et confié" (299). Il lui confie "la responsabilité de soumettre la terre et de la dominer" (307).
 Ainsi tout homme est-il appelé à s’assumer lui-même dans sa nature d’être "intelligent et libre", afin, par son initiative et son esprit d’entreprise, de "compléter la création" (ibid.). C’est, du reste, ce qui fonde et légitime l’exigence de recherche et de progrès dans la connaissance et la maîtrise de l’univers par la recherche scientifique et la technique (2293-2294). "La gloire de Dieu, c’est l’homme vivant ", selon l’expression de saint Irénée (294).
 Toutefois, dans l’accomplissement de cette vocation, l’homme est tenu de respecter les limites que lui impose l’ordre de la création. " Chaque créature possède sa bonté et sa perfection propres " (339). C’est "l’intégrité de la création " qui est ici en jeu. "La domination accordée par le Créateur... n’est pas absolue : elle est mesurée par le souci de la qualité de la vie du prochain, y compris des générations à venir" (2415).
 Qu’il s’agisse de l’union de l’homme et de la femme dans le mariage et de l’amour qu’ils se donnent (1603), qu’il s’agisse de la vie humaine dès la conception jusqu’à la mort (2258, 2270), ou qu’il s’agisse de l’usage des ressources de l’univers (2415) et encore de la destination universelle des biens de la terre (2402), c’est toujours l’intégrité de la création qui doit motiver l’homme dans sa conduite. Ainsi en est-il également du rapport de l’homme avec les animaux (2416-2418).
 C’est justement afin de conformer la conduite morale à l’ordre de la création que la loi naturelle est donnée à l’homme (1951). "Elle n’est rien d’autre que la lumière de l’intelligence mise en nous par Dieu. Par elle, nous connaissons ce qu’il faut faire et ce qu’il faut éviter. Cette lumière ou cette loi, Dieu l’a donnée à la création" (1955).

Prier le Dieu créateur

 Le fidèle croyant ne se contente pas d’affirmer les certitudes de sa foi au Dieu créateur. Il en fait l’objet de sa prière personnelle (2691, 2699). Il les célèbre avec ses frères dans la communauté que rassemble la prière liturgique (2655).
 "C’est d’abord à partir des réalités de la création que se vit la prière" (2569). "L’adoration est la première attitude de l’homme qui se reconnaît créature devant son Créateur" (2628). "Adorer Dieu, c’est Le reconnaître comme Dieu, comme le Créateur et le Sauveur, le Seigneur et le Maître" (2096). "C’est, dans le respect et la soumission absolue reconnaître le néant de la créature qui n’est que par Dieu" (2097, 2779).
 Est-il besoin, enfin, de mentionner la place que tient la louange du Créateur dans la liturgie eucharistique ? Elle est "sacrifice de louange en action de grâces pour l’oeuvre de la création" (1359). "Nous offrons au Père ce qu’ll nous a Lui-même donné, les dons de sa création, le pain et le vin" (1357). Dans la prière liturgique, la création est toujours associée aux autres œuvres de Dieu, la Rédemption et la grâce du salut (1352).

Ainsi le chrétien ne peut-il penser la création sans la comprendre comme la première manifestation du dessein de Dieu sur le monde et sur l’homme.

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© Catéchisme de l’Eglise Catholique
Guide de lecture, chapitre 2
Publié sur PSN avec l’aimable autorisation de l’auteur et/ou de l’éditeur

Catéchisme de l’Église catholique
Publié: 30/11/1997